Lors de vos
cours de yoga vous avez probablement entendu parler des Yoga-Sutra de
Patanjali.
Patanjali
est un hindou Vedanta
Les Yoga
Sutras sont une codification du yoga résumée en 195 aphorismes.
On donne
Patanjali comme auteur car ce serait lui au 3ème siècle qui aurait
compilé les Yoga Sutras et les a regroupés en huit parties. Mais
les Yoga-sutras s'étendent sur plusieurs siècles. Les autorités
pensent donc qu'il y a plus d'un auteur écrivant sous ce nom. On a
retrouvé, sous ce nom, des œuvres importantes sur L'Ayurveda
(l'ancien système indien de la médecine) et la grammaire sanskrite.
En
mythologie, Patanjali serait tombé du ciel sous la forme d'un petit
serpent, et serait arrivé dans les paumes ouvertes de sa mère
virginale.
Aujourd'hui
Patanjali est reconnu comme le père du yoga. Il explique que le yoga
n'est pas seulement des postures mais une façon de vivre une vie
meilleure à travers le yoga. Il nous invite à découvrir ce que
nous sommes vraiment, c'est à dire tout ce qui est caché sous nos
conditionnements, nos pensées, notre ego, en somme le fonctionnement
de notre mental. Quand nous comprenons pourquoi nous fonctionnons de
telle ou telle façon qui nous fait souffrir, nous atteignons un
niveau de liberté. C'est grâce à une pratique régulière que nous
nous allégeons.
Parmi tous
les autres moyens habiles qu'il énumère, Patanjali trace un chemin
en huit étape trouvé ici
ASHTANGA
YOGA
Le yoga
des huit membres (ashta, huit, anga, membre), ou les huit piliers,
étapes, du yoga.
"Tels
des perles enfilées sur un fil, ils forment un précieux collier, un
diadème de connaissance fulgurante. Comprendre leur message et le
mettre en pratique permet la transformation de tout l'être en une
personne hautement cultivée et civilisée, rare et bénéfique."
(Sri B.K.S. Iyengar)
1/ Les cinq
Yamas, l'éthique, moyens habiles, ou actions justes, grandes lois
universelles, non liées à l'époque ou au lieu. Ils témoignent du
respect de soi-même et d'autrui et initient à cette dimension
fondamentale qu'est la compassion, l'amour inconditionnel et
universel. Brièvement résumées, ces cinq règles de vie sociale
comprennent
Ahimsa
: La non-violence, le respect et la protection de toute vie.
Satya :
La vérité, la parole juste, allant de la vérité à l'abstention
de tout bavardage futile, source trop souvent ignorée d'agitation
mentale.
Asteya
: Le respect de la propriété d'autrui, allant jusqu'à ne pas
s'approprier ce qui ne nous a pas été donné.
Brahmacharya:
Pour l'homme du monde, une conduite sexuelle consciente et
respectueuse établie dans une relation à long terme. Pour le
renonçant, l'abstinence complète, destinée à transcender
l'énergie sexuelle en énergie spirituelle.
Aparigraha
: La sobriété, c'est-à -dire le vœu de ne pas consommer plus que
ses besoins et de s'abstenir de ce qui trouble l'esprit, comme les
drogues, dont l'alcool. A ce chapitre et pour notre époque, le
maître vietnamien Thich Nhat Hanh ajoute la modération dans ces
médias qui envahissent notre vie (internet, presse, radio,
télévision, etc).
Exprimés
différemment, les cinq yamas recoupent donc notre décalogue. Ils se
résument en "Vie simple, pensée élevée".
2/ Les cinq
Niyamas, qualités personnelles à retrouver en soi. Début de
maîtrise de l'esprit ou mental.
Saucha
: Pureté (de la pensée, des actes, des actions).
Samtosa
: Contentement. Désire tout ce que tu as et tu auras tout ce que
tu désires.
Tapas
: Feu de la discipline qui consume notre vieille nature obscure et
ignorante. Ardeur spirituelle, intrépidité joyeuse sur la voie.
Svadhyaya
: Étude de soi à travers les textes sacrés, pour retrouver son
maître intérieur.
Isvara
Pranidhana : Abandon à Ishvara, Dieu ou conscience suprême.
Ces deux
premières étapes instaurent un début d'apaisement du mental en
nous permettant de vivre consciemment passions et instincts sans plus
en être les jouets. Notre vie devient vertueuse (non au sens moral,
mais dans la mesure où nous apportons du bien).
3/ Asana,
les postures, qui purifient le corps pour en faire un bon serviteur
plutôt qu'une source de tourments et qui ramènent l'esprit, si
souvent ailleurs dans l'espace et le temps, dans l'ici et maintenant
de la réalité des sensations.
Que ce
corps redevienne le temple de l'esprit.
4/
Pranayama, purification de prana, l'énergie, par le biais de la
respiration et de l'attention. Mais une respiration autrement plus
puissante et subtile que celle qui nous habite ordinairement et
caractérisée par de très longues apnées; et une attention sans
commune mesure avec celle que nous connaissons, capable de réveiller
et d'harmoniser les énergies dans tout l'être.
5/
Pratyahara, retrait ou maîtrise des sens
Ces cinq
premières étapes allègent considérablement, mais pas totalement
encore, les contraintes du monde extérieur pour nous permettre de
plonger avec infiniment moins de distractions à l'intérieur de
nous-même. De nombreux voiles du mental sont tombés, laissant
poindre toujours plus l'Homme authentique.
Le yoga est
le plus souvent connu sous l'appellation de Hatha-Yoga. Ha signifie
soleil et symbolise l'énergie créatrice, réalisatrice, masculine,
etc. Tha veut dire lune et symbolise l'énergie réceptive, féminine,
l'intelligence profonde, la sensibilité, la faculté
d'intériorisation, etc. Le terme yoga vient de la racine sanscrite
yuj qui signifie lier, unir, attacher, atteler sous le joug ou
diriger et concentrer son attention, ou encore utiliser et mettre en
pratique.
Hatha-Yoga
signifie donc union du soleil et de la lune ou équilibre des
énergies et qualités qu'ils symbolisent.
Les cinq
premières étapes décrites jusqu'ici constituent la phase
évolutive, solaire, Ha. Elles font culminer l'être au sommet de ses
possibilités d'action. La phase involutive, lunaire, Tha, peut alors
être abordée plus radicalement avec les trois dernières étapes.
" Le
corps est le fondement de notre croissance spirituelle (Ha). Mais non
sa fin. Continuez à vous élever toujours plus vers la joie suprême,
celle de l'âme (Tha)". (Amrit Desai).
La quête
de la connaissance illuminante, de la paix et de la joie se poursuit
dès lors à travers:
6/
Dharana, la concentration, décrite comme un flot de conscience
toujours plus continu sur l'objet d'attention choisi, qu'il soit
souffle (le plus fréquemment), flamme de bougie, mantra (répétition
d'une syllabe - OM par exemple - ou d'une sentence sacrée),
perceptions sensorielles (images, contacts, sons, odeurs, goûts),
sensations émotionnelles ou psychiques, ambiances intérieures,
pensées, centres d'énergie, ou autres.
Ainsi
concentrée, l'attention rencontre de moins en moins de fluctuations.
Celles-ci sont toujours plus courtes et toujours plus vite repérées.
Quand la
concentration ne connaît plus de distractions elle devient :
7/ Dhyana,
méditation. A ce stade, l'observateur est encore conscient de
lui-même. Il garde la notion d'une séparation, d'une dualité entre
l'observateur et l'observé. La méditation s'approfondissant,
l'esprit accède à un nouvel état, samyama, la perception directe,
irradiation de la conscience mentale par la lumière de la
spiritualité, qui offre la réalisation que toute chose s'apparente
à la même Énergie créatrice, que nous ne sommes pas des individus
séparés, isolés, que nous participons de manière à la fois
insignifiante et essentielle au jeu de l'Univers. L'ego est alors
pratiquement aboli, de même que les imprégnations du passé
(vasanas). Un être neuf se profile pour naître, ou plutôt
renaître, à sa nature originelle, parfaite. La métamorphose sera
parachevée au cours de l'ultime étape :
8/ Samadhi,
purification définitive du mental, libération des contraintes de ce
monde, union à Ishvara (Dieu) ou au Tout, connaissance suprême
(antidote de l'ignorance, cause première de la souffrance), nirvana,
bonheur hors de toute cause ou condition.
Paix,
Joie, Harmonie véritables.
Patanjali
souligne dès le début du chapitre dédié à la Sadhana, la
pratique, que pour s'y engager avec succès il convient d'avoir déjÃ
abordé le développement de trois qualités regroupées sous le
terme de :
Kriyayoga
-La
discipline (tapas), en rapport avec la volonté.
-L'étude
profonde des textes de sagesse relatifs au yoga (svadhyaya), en
rapport avecla sagesse.
-L'abandon
à Isvara, Dieu ou Conscience suprême (isvara pranidhana), en
rapport avec les émotions.
On pourrait
résumer ce cheminement comme un raffinement toujours plus poussé,
mais harmonieux, naturel, organique, de l'attention, qualité
essentielle : d'abord tournée vers l'art de vivre (Yamas, Niyamas),
elle se développe dans l'observation du corps (Asanas, Pranayama,
Pratyahara) pour se parfaire en s'absorbant finalement exclusivement
dans la contemplation de l'esprit (Dharana, Dhyana, Samadhi, étapes
souvent regroupées sous l'appellation de Raja Yoga).
Il faut
souligner, que la carte n'est pas le paysage. Que ces techniques ne
sont que des exercices, que des formes. Qu'elles ne sont pas la
connaissance même, mais indiquent simplement la voie du travail
personnel. "La pratique ne peut se faire qu'au fond de votre
cœur". Il y a là une difficulté majeure, tant il est vrai que
la plupart de ces notions correspondent à des états de conscience
qui nous sont encore inconnus et qu'elles restent abstraites tant
qu'elles ne sont qu'intellectuelles. Pourtant, pour qui affermit sa
motivation, développe son ardeur spirituelle, elles éveillent une
voix intérieure qui en fait pressentir la vérité.
Il est
important aussi de se rendre compte de la vastitude de ce
cheminement; comme il est bon de se rappeler qu'il était proposé Ã
l'époque à quelques êtres d'exception qui, lorsqu'ils
l'entreprenaient, étaient prêts à renoncer joyeusement au monde, Ã
se mettre aux pieds de leur guru (celui qui disperse les ténèbres)
pour étancher leur soif de connaissance et d'absolu.
Les temps
ont changé. Le yoga est maintenant proposé à tout un chacun. Et
bien heureusement, car il est un bienfait pour l'humanité. Qui plus
est, le plus souvent, ceux qui le présentent ne sont pas des
maîtres, mais des professeurs qui n'en ont qu'une connaissance,
sincère, espérons-le, mais partielle. Enfin, les pratiquants n'ont
que très exceptionnellement cette motivation radicale des premiers
temps. Mais qu'ils se mettent en chemin pour toutes sortes de raisons
moins glorieuses certes, mais parfaitement valables (mal de vivre,
insomnie, nervosité, maladie, remise en forme, remise en question,
etc.), le "miracle du yoga" persiste, en ce sens qu'une
démarche bien conduite épure et transforme naturellement ces
motivations terre à terre des débuts en une quête toujours plus
enthousiaste de la vérité.
De plus,
semble-t-il, l'époque, l'ère du Verseau, est propice à cette
recherche d'authenticité. L'être aborde, qu'il le veuille ou non,
une période de transformation transcendante.
Et le Yoga
aussi.
Né en
Inde, il n'en est pas moins porteur de vérités universelles. En
Occident, il serait bon qu'il se dépouille des aspects culturels
liés aux traditions orientales pour se mouler à notre culture et Ã
l'époque, en englobant ce qu'elles ont à lui apporter. Répondant
ainsi à la prophétie qui dit "Quand le cheval (le train) et
l'oiseau (l'avion) de fer apparaîtront sur la terre, Orient et
Occident s'épouseront"
Qu'il
intègre nos formes, sans trahir l'esprit.
La vérité
demeure, sa forme change. De tous temps, "le sage sait qu'il n'y
a qu'un seul Dieu, mais il lui donne plusieurs noms"
Vidéo amusante: ici