La pratique quotidienne, facile ou pas?
Quand nous nous adressons à des
personnes n’ayant jamais suivi de cours de yoga, mais « qui y ont
déjà pensé », nous réalisons vite que l’image mentale « je
suis la personne la moins souple du cours» est plus souvent la
raison qui les retienne d’y assister vraiment.
En discutant avec un yogi pratiquant,
une question revient souvent : « comment faites-vous pour pratiquer
tous les jours ? » Nous pensons facilement que le yogi qui s’exerce
régulièrement est particulièrement fort et passionné… En fait,
quand nous rencontrons des personnes qui ont entrepris quelque chose
de « sain » pour eux, et qu’elles s’appliquent de manière
authentique, nous avons tendance à les classer parmi les gens «
sérieux ».
Il semble que nous attachions le «
bien faire » à une idée d’effort et de discipline, tandis qu’il
semble beaucoup plus facile de ne pas faire ce qu’il faut… De
fait, et cela est vrai pour la plupart des choses, « l’idée » et
« la réalisation » sont souvent deux choses bien différentes.
S’engager dans la pratique du yoga
vise comme but ultime de se défaire des 5 kleshas de Patanjali
(Ignorance, Egoïsme, Attachement, Dégoût et Peur de la perte) et
de créer une « paix totale », état constant de l’esprit pour le
pratiquant…
Il suffit pour cela de monter sur son
tapis tous les jours… Facile n’est-ce pas ?
L’esprit construit une image selon
laquelle cette action, celle qui consiste à s’astreindre à monter
sur son tapis et à s’exercer, demande beaucoup d’efforts.
Pourtant, si vous mangez de la nourriture tous les jours et dormez
chaque nuit, vous pouvez également faire du yoga avec la même
régularité… Poussons le raisonnement plus loin : admettons que
vous ne mangiez que deux fois par semaine, et que vous ne dormiez que
trois fois par semaine, quel bénéfice tireriez-vous de ces actions
?
L’esprit a une troublante facilité Ã
nous convaincre que la difficulté associée à « bien faire » est
très élevée. Les images qui nous viennent nous font envisager une
déperdition de notre précieuse énergie à accomplir une noble
tâche, qui peut être une bonne action, un geste de tendresse envers
l’être aimé, un moment passé avec les enfants, un régime
végétarien ou une pratique quotidienne du yoga.
D’un autre côté, attendre dans la
queue d’un fast-food de pouvoir acheter n’importe quelle
nourriture pour notre famille nous apporterait le soulagement du
devoir accompli ?.. Vraiment ?
Dans les publicités et les émissions
télévisées, il y a souvent cette scène dans laquelle un
personnage pousse un soupir de soulagement tandis qu’il porte Ã
ses lèvres un cocktail, à la fin d’une semaine chargée. Nous
tous Pensons, Faisons et Disons des choses chaque jour qui ont un
effet négatif sur nous-mêmes et sur ceux qui nous entourent, et
pourtant nous y allons sans réserve…
Bien souvent, en arrivant chez vous,
vous pensez « J’espère que les enfants vont me laisser
tranquille, je veux juste me vautrer devant la télévision ».
Dans cette situation, votre esprit vous
fait considérer vos enfants comme une source de stress, et la
télévision comme une source de confort. Nous considérons le
travail comme stressant, comme quelque chose qui doit être fait, que
nous sommes obligés de faire (pour tous les autres), et une fois que
nous sommes rentrés chez nous, nous avons besoin de nous mettre Ã
l’écart de nos propres familles.
L’alternative laborieuse serait sans
doute de jouer à quatre pattes avec les enfants, et ensuite de
préparer le dîner tous ensemble, peut-être même d’envisager une
bataille d’oreillers, et ensuite, au lit. Mais nos esprits sont
persuasifs, nous sommes comme englués dans notre perception qu’une
pratique quotidienne du yoga est trop difficile, que nos emplois, que
nous avons souvent choisis, sont une source de stress, qu’être
végétarien demande trop d’efforts, que toutes les bonnes choses
sont simplement hors de notre portée. En fait, nous envisageons la
quasi-totalité de la journée comme un facteur de stress. Je ne suis
pas psychiatre, mais je ne suis pas certaine qu’il s’agisse lÃ
d’une attitude parfaitement saine.
Nous investissons tant à créer notre
« cadre de vie », que l’on compose d’une famille, d’une
maison, d’une éducation, d’un travail, etc. Après avoir accordé
autant de temps, d’argent et d’efforts pour y parvenir, pour
construire des fondations solides, nous décidons que ce sont ces
mêmes choses qui nous rendent malheureux. Alors, comment faire pour
changer notre manière de voir ? Comment amener nos esprits Ã
soutenir nos propres décisions ? La manière la plus efficace de
profiter de la vie est la pratique quotidienne. En tant qu’être
humain vivant dans un monde moderne, nous adorons être multi-tâches,
et d’ailleurs, nous sommes fiers de cette capacité à nous
démultiplier. Réalisant plusieurs activités à la fois, nous
voudrions trouver une « activité » qui aurait un effet domino.
Nous cherchons cette chose unique qui entraînerait nos esprits Ã
penser que nous sommes en train de « bien faire ». Une activité
qui nous emmènerait sur un chemin jalonné de choix positifs, dans
tout ce qu’ils touchent. Celle-ci se trouve en fait juste devant
nos yeux…
J’suis allée écouter un orateur
célèbre, il y a quelques années. Il expliquait que « si vous
n’aimez pas ce que vous faites, soit vous changez d’activité,
soit vous changez votre perception de cette activité ».
Cette phrase a résonné en moi. Elle
m’a permis d’appréhender la réalité selon laquelle mon bonheur
au travail, ou avec une personne, ou n’importe quoi d’autre en
fait, ne dépendait pas de ce travail ou de cette personne… mais de
moi-même. Ma manière de percevoir est-ce que c'est ça qui
m’apporte le bonheur ou non.
Si vous y pensez, quand une personne
vit une expérience de mort imminente et y survit, elle ressent
généralement un sentiment renouvelé d’amour et de loyauté
envers sa famille, un Amour de la vie qui n’existait pas avant
cette quasi-mort. La famille, ou le travail, de cette personne n’a
pourtant pas changé… mais elle, si. Une personne ayant traversé
cette expérience difficile est transformée. L’expérience même a
conduit à un désir de vie renouvelée, et à une nouvelle
appréhension des choses.
Alors, comment faire pour changer notre
manière de voir ? Comment amener nos esprits à soutenir nos propres
décisions ? Nous cherchons cette chose unique qui entraînerait nos
esprits à penser que nous sommes en train de « bien faire ». Une
activité qui nous emmènerait sur un chemin jalonné de choix
positifs, dans tout ce qu’ils touchent.
Celle-ci se trouve en fait juste devant
nos yeux…
La pratique, la pratique, la pratique.
Donc… pour répondre à la question première « est-il facile de
bien faire ? »
C’est beaucoup plus facile en
pratiquant sérieusement et quotidiennement le yoga, qui donne du
temps à l’esprit et permet la clarté. La pratique quotidienne
peut se constituer de 15 minutes de salutation au soleil et de
méditation, ou il peut s’agir de 2 heures de séries avancées
d’Ashtanga ; en fait, le niveau importe peu… Montez simplement
sur votre tapis… Concentrez-vous sur la première respiration, le
premier mouvement ». Fluide Fluide Fluide !
Article de Cassandra Kish
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