Les séances de 3 heures en décembre

 


Séances de yoga 6, 20 et 28 novembre à Bayenghem les Eperlecques

 
L'art de l'attention, voilà la définition du yoga. On oublie donc l'esprit de compétition et l'on s'ouvre à ce qui est là dans l'instant....sachant que l'instant est constamment mouvant. Pendant toute la séance, nous revenons sans cesse à nos perceptions, sensations, souffle, pour faire baisser "Radio moi" qui nous empêche d'apprécier pleinement le présent.

Les postures sont maintenues dans l'intensité et la durée qui conviennent dans l'instant. Pendant les 3 h, les rythmes sont variables entre dynamisme et détente, ponctués par la lecture de textes inspirants. Nous terminons par une pause en silence.

La séance se fera à mon domicile, dans une salle de 25 m2 où l'on peut mettre 7 élèves + moi. Donc, si vous êtes intéressés, réservez rapidement. Sinon, vous pourrez toujours être sur liste d'attente pour les séances des 6 et 20 novembre.
Vous pouvez venir librement, sans les conditions exigées actuellement.
Après la séance, pour ceux qui le souhaitent,  je propose un repas partage (chacun apporte un plat pour 4 personnes) et l'après-midi une randonnée d'environ 1h15 sur les chemins environnants.
Je donnerai plus d'informations au moment de l'inscription. 
A très bientôt!
 




Pourquoi nous pratiquons le yoga?

La question que nous pouvons nous poser est de savoir pourquoi nous pratiquons le yoga. La réponse à cette question est simple. Le yoga est un moyen pour nous permettre de mieux apprécier la vie. Ce moyen (le yoga) est concret. Clair et précis. Il n’y a aucun mystère dans cette pratique. Aucune place pour l’imagination. Nous savons qu’en faisant telle chose nous obtenons tel effet. La science moderne, celle qui est liée à la physiologie et la neurophysiologie, confirme ce qu’avaient deviné les grands maîtres du passé.

Essentiellement le yoga équilibre nos fonctions. Facilite la régulation et la coordination du fonctionnement extrême complexe du corps. C’est par l’équilibre du corps, par l’équilibre physiologique que nous créons l’équilibre psychologique et psychique qui nous font si cruellement défaut. Voilà la raison d’être du yoga.

Il y a effectivement un secret dans le yoga. C’est celui de sa transmission. Elle est initiatique. Elle se fait d’une personne à une autre personne. La difficulté vient du fait que l’expérience est toujours différente, toujours renouvelée. Il n’y a pas deux expériences qui soient identiques. La même personne est différente chaque jour. De plus, il ne s’agit pas au départ, d’un savoir. En yoga, le savoir naît de l’expérience. On découvre ce qui existe déjà. On développe la conscience afin de pouvoir se situer au niveau extrêmement subtil du fonctionnement du corps.

Voilà l’essentiel. L’unité (yoga) dont il est question concerne le corps et le mental. Nous sommes prisonniers des automatismes du circuit mental. De la dépendance vis à vis de la mémoire. Notre vie est programmée parce que notre cerveau est programmé. La pratique du yoga consiste à nous libérer de cette dépendance. De retrouver la liberté de la pensée et de l’action. De retrouver la créativité et l’amour. C’est à dire la disponibilité aux autres.

Il faut effacer un malentendu. On pense généralement que yoga est lié à une forme que l’on devrait s’efforcer de copier. Lorsque l’on dit « Yoga » l’image qui se présente est celle d’une personne assise, les jambes croisées et les yeux fermés. Détrompez-vous. Yoga est un état. Voilà ce qui nous rend perplexes. Un état ne peut que s’expérimenter. Se vivre. Il ne peut pas s’apprendre. Nous ne pouvons pas le connaître en passant par la signification des mots, par la lecture, par l’accumulation du savoir. Voyez-vous maintenant en quoi le yoga est original ? En quoi sa démarche est si particulière ?

Il ne s’agit pas non plus dans le yoga de s’isoler. Voilà encore une idée fausse. Le yoga n’est pas une science abstraite ou théorique. Ce n’est pas non plus un système. Yoga n’est pas lié à une méthode. Le yoga consiste à développer, à amplifier, à approfondir la conscience. Ce qui est le contraire de la dispersion et de la confusion. Ce qui éclaire. Ce qui simplifie. Ce qui déconditionne. Ce qui permet de vivre la vie pleinement, d’instant en instant.

Les moyens que nous avons, répétons-le, sont simples et concrets. Exacts. Chacun peut pratiquer le yoga car le yoga se pratique à partir de chaque individu, à partir de sa personnalité, de sa morphologie. Des moyens précis sont fournis pour le lui permettre. C’est grâce à cette liberté dans la pratique, grâce à cette découverte ininterrompue que fait chaque individu, que nous trouvons tant de plaisir et de joie dans nos pratiques.

Le yoga est bon pour tout. C’est un préalable à tout. Il déconditionne, il désencombre. Il donne accès à la spontanéité, à la créativité. Il permet de recevoir. De recevoir les autres.

La pratique du yoga n’est pas liée particulièrement à une culture. A l’origine il était indien. Il est maintenant aussi occidental. Il devient pour nous de plus en plus occidental. Nous sommes conscients que pour juger de l’opportunité de pratique le yoga, nous devons raisonner à partir de ce que nous sommes.

Gérard Blitz - Carnets du Yoga - Février 1986

Matinée de yoga le 18 septembre


 
Le yoga que je propose est adapté à chacun puisque cette discipline est avant un moyen d'écoute de soi. Les postures sont maintenues dans l'intensité et la durée qui conviennent dans l'instant. Pendant les 3 h, les rythmes sont variables entre dynamisme et détente, ponctués par la lecture de textes inspirants. Nous terminons par une pause en silence.
La séance se fera à mon domicile, dans une salle de 25 m2 où l'on peut mettre 7 élèves + moi. Donc, si vous êtes intéressés, réservez rapidement. Sinon, vous pourrez toujours être sur liste d'attente pour les séances des 9 et 23 octobre.
Vous pouvez venir librement, sans les conditions exigées actuellement.
Après la séance, pour ceux qui le souhaitent,  je propose une auberge espagnole et l'après-midi une randonnée d'environ 1h15 sur les chemins environnants.
Je donnerai plus d'informations au moment de l'inscription. 
A très bientôt! 

Marche et yoga---> Voyez par ici, ici, ici


Les valeurs du Yoga



Peu nombreux sont les professeurs en Occident qui ont la franchise d’expliquer aux pratiquants de Hatha Yoga que le Yoga consiste en réalité en une purification de notre corps et de notre esprit. Cela nécessite un code moral. Les deux premières étapes - précédant la pratique d'asanas, de pranayama etc - consistent à mettre en pratique les valeurs sur lesquelles s'appuie le Yoga: les yamas et les niyamas.


Les yamas sont des instructions qui nous guident dans la vie sociale, nous permettant d'harmoniser nos relations sociales. Ils ont pour objet l’autodiscipline et créent un milieu spirituel positif dans lequel nous pouvons nous développer.


Les niyamas portent sur notre relation avec soi-même, son univers intérieur. Le respect des niyamas a pour but de canaliser l’énergie libérée par la pratique des yamas et du Yoga en general.


Voici les yamas et les niyamas:



LES YAMAS:

1. AHIMSA: la non-violence;

2. SATYA: la véracité;

3. ASTEYA: ne pas s’approprier ce qui ne vous revient pas;

4. BRAHMACHARYA: la maîtrise de l'énergie vitale;

5. APARIGRAHA: le détachement menant à la sérénité.



LES NIYAMAS:

1. SHAUCHA: la pureté par des règles de vie et d’alimentation adaptées;

2. SANTOSHA: le contentement;

3. TAPAS: la discipline;

4. SWADHYAYA: l'étude;

5. ISHWARA PRANIDHANA: la reconnaissance de la Réalité Ultime.Le philosophe et sage Indien Patanjali décrivit ces principes dans ses sutras (aphorismes) vraisemblablement au deuxième siècle avant notre ère. Vous vous apercevrez des similitudes avec divers systèmes moraux ultérieurs.


La notion d’Ishwara pranidhana, la reconnaissance de la Réalité Ultime, peut être intégrée de manière spécifique dans diverses cultures.

La mise en pratique d’Ishwara pranidhana vous permet d’ennoblir votre pratique du Yoga – et votre vie toute entière -, de vous affranchir de l’égoisme et du matérialisme déprimants qui écrasent et étouffent nos sociétés contemporaines. La réalisation de la Réalité Ultime, voilà le fondement du Yoga, l’âme de sa pratique, voilà sa finalité. Le terme Yoga signifie union.

Patanjali et les yoga sutras

Lors de vos cours de yoga vous avez probablement entendu parler des Yoga-Sutra de Patanjali.
Patanjali est un hindou Vedanta
Les Yoga Sutras sont une codification du yoga résumée en 195 aphorismes.

On donne Patanjali comme auteur car ce serait lui au 3ème siècle qui aurait compilé les Yoga Sutras et les a regroupés en huit parties. Mais les Yoga-sutras s'étendent sur plusieurs siècles. Les autorités pensent donc qu'il y a plus d'un auteur écrivant sous ce nom. On a retrouvé, sous ce nom, des œuvres importantes sur L'Ayurveda (l'ancien système indien de la médecine) et la grammaire sanskrite.

En mythologie, Patanjali serait tombé du ciel sous la forme d'un petit serpent, et serait arrivé dans les paumes ouvertes de sa mère virginale.

Aujourd'hui Patanjali est reconnu comme le père du yoga. Il explique que le yoga n'est pas seulement des postures mais une façon de vivre une vie meilleure à travers le yoga. Il nous invite à découvrir ce que nous sommes vraiment, c'est à dire tout ce qui est caché sous nos conditionnements, nos pensées, notre ego, en somme le fonctionnement de notre mental. Quand nous comprenons pourquoi nous fonctionnons de telle ou telle façon qui nous fait souffrir, nous atteignons un niveau de liberté. C'est grâce à une pratique régulière que nous nous allégeons.

Parmi tous les autres moyens habiles qu'il énumère, Patanjali trace un chemin en huit étape trouvé ici



ASHTANGA YOGA


Le yoga des huit membres (ashta, huit, anga, membre), ou les huit piliers, étapes, du yoga.

"Tels des perles enfilées sur un fil, ils forment un précieux collier, un diadème de connaissance fulgurante. Comprendre leur message et le mettre en pratique permet la transformation de tout l'être en une personne hautement cultivée et civilisée, rare et bénéfique." (Sri B.K.S. Iyengar)

1/ Les cinq Yamas, l'éthique, moyens habiles, ou actions justes, grandes lois universelles, non liées à l'époque ou au lieu. Ils témoignent du respect de soi-même et d'autrui et initient à cette dimension fondamentale qu'est la compassion, l'amour inconditionnel et universel. Brièvement résumées, ces cinq règles de vie sociale comprennent

Ahimsa : La non-violence, le respect et la protection de toute vie.
Satya : La vérité, la parole juste, allant de la vérité à l'abstention de tout bavardage futile, source trop souvent ignorée d'agitation mentale.
Asteya : Le respect de la propriété d'autrui, allant jusqu'à ne pas s'approprier ce qui ne nous a pas été donné.
Brahmacharya: Pour l'homme du monde, une conduite sexuelle consciente et respectueuse établie dans une relation à long terme. Pour le renonçant, l'abstinence complète, destinée à transcender l'énergie sexuelle en énergie spirituelle.
Aparigraha : La sobriété, c'est-à-dire le vœu de ne pas consommer plus que ses besoins et de s'abstenir de ce qui trouble l'esprit, comme les drogues, dont l'alcool. A ce chapitre et pour notre époque, le maître vietnamien Thich Nhat Hanh ajoute la modération dans ces médias qui envahissent notre vie (internet, presse, radio, télévision, etc).

Exprimés différemment, les cinq yamas recoupent donc notre décalogue. Ils se résument en "Vie simple, pensée élevée".

2/ Les cinq Niyamas, qualités personnelles à retrouver en soi. Début de maîtrise de l'esprit ou mental.

Saucha : Pureté (de la pensée, des actes, des actions).
Samtosa : Contentement. Désire tout ce que tu as et tu auras tout ce que tu désires.
Tapas : Feu de la discipline qui consume notre vieille nature obscure et ignorante. Ardeur spirituelle, intrépidité joyeuse sur la voie.
Svadhyaya : Étude de soi à travers les textes sacrés, pour retrouver son maître intérieur.
Isvara Pranidhana : Abandon à Ishvara, Dieu ou conscience suprême.

Ces deux premières étapes instaurent un début d'apaisement du mental en nous permettant de vivre consciemment passions et instincts sans plus en être les jouets. Notre vie devient vertueuse (non au sens moral, mais dans la mesure où nous apportons du bien).

3/ Asana, les postures, qui purifient le corps pour en faire un bon serviteur plutôt qu'une source de tourments et qui ramènent l'esprit, si souvent ailleurs dans l'espace et le temps, dans l'ici et maintenant de la réalité des sensations.

Que ce corps redevienne le temple de l'esprit.

4/ Pranayama, purification de prana, l'énergie, par le biais de la respiration et de l'attention. Mais une respiration autrement plus puissante et subtile que celle qui nous habite ordinairement et caractérisée par de très longues apnées; et une attention sans commune mesure avec celle que nous connaissons, capable de réveiller et d'harmoniser les énergies dans tout l'être.

5/ Pratyahara, retrait ou maîtrise des sens

Ces cinq premières étapes allègent considérablement, mais pas totalement encore, les contraintes du monde extérieur pour nous permettre de plonger avec infiniment moins de distractions à l'intérieur de nous-même. De nombreux voiles du mental sont tombés, laissant poindre toujours plus l'Homme authentique.

Le yoga est le plus souvent connu sous l'appellation de Hatha-Yoga. Ha signifie soleil et symbolise l'énergie créatrice, réalisatrice, masculine, etc. Tha veut dire lune et symbolise l'énergie réceptive, féminine, l'intelligence profonde, la sensibilité, la faculté d'intériorisation, etc. Le terme yoga vient de la racine sanscrite yuj qui signifie lier, unir, attacher, atteler sous le joug ou diriger et concentrer son attention, ou encore utiliser et mettre en pratique.

Hatha-Yoga signifie donc union du soleil et de la lune ou équilibre des énergies et qualités qu'ils symbolisent.

Les cinq premières étapes décrites jusqu'ici constituent la phase évolutive, solaire, Ha. Elles font culminer l'être au sommet de ses possibilités d'action. La phase involutive, lunaire, Tha, peut alors être abordée plus radicalement avec les trois dernières étapes.

" Le corps est le fondement de notre croissance spirituelle (Ha). Mais non sa fin. Continuez à vous élever toujours plus vers la joie suprême, celle de l'âme (Tha)". (Amrit Desai).

La quête de la connaissance illuminante, de la paix et de la joie se poursuit dès lors à travers:

6/ Dharana, la concentration, décrite comme un flot de conscience toujours plus continu sur l'objet d'attention choisi, qu'il soit souffle (le plus fréquemment), flamme de bougie, mantra (répétition d'une syllabe - OM par exemple - ou d'une sentence sacrée), perceptions sensorielles (images, contacts, sons, odeurs, goûts), sensations émotionnelles ou psychiques, ambiances intérieures, pensées, centres d'énergie, ou autres.

Ainsi concentrée, l'attention rencontre de moins en moins de fluctuations. Celles-ci sont toujours plus courtes et toujours plus vite repérées.

Quand la concentration ne connaît plus de distractions elle devient :

7/ Dhyana, méditation. A ce stade, l'observateur est encore conscient de lui-même. Il garde la notion d'une séparation, d'une dualité entre l'observateur et l'observé. La méditation s'approfondissant, l'esprit accède à un nouvel état, samyama, la perception directe, irradiation de la conscience mentale par la lumière de la spiritualité, qui offre la réalisation que toute chose s'apparente à la même Énergie créatrice, que nous ne sommes pas des individus séparés, isolés, que nous participons de manière à la fois insignifiante et essentielle au jeu de l'Univers. L'ego est alors pratiquement aboli, de même que les imprégnations du passé (vasanas). Un être neuf se profile pour naître, ou plutôt renaître, à sa nature originelle, parfaite. La métamorphose sera parachevée au cours de l'ultime étape :

8/ Samadhi, purification définitive du mental, libération des contraintes de ce monde, union à Ishvara (Dieu) ou au Tout, connaissance suprême (antidote de l'ignorance, cause première de la souffrance), nirvana, bonheur hors de toute cause ou condition.

Paix, Joie, Harmonie véritables.

Patanjali souligne dès le début du chapitre dédié à la Sadhana, la pratique, que pour s'y engager avec succès il convient d'avoir déjà abordé le développement de trois qualités regroupées sous le terme de :

Kriyayoga

-La discipline (tapas), en rapport avec la volonté.

-L'étude profonde des textes de sagesse relatifs au yoga (svadhyaya), en rapport avecla sagesse.

-L'abandon à Isvara, Dieu ou Conscience suprême (isvara pranidhana), en rapport avec les émotions.

On pourrait résumer ce cheminement comme un raffinement toujours plus poussé, mais harmonieux, naturel, organique, de l'attention, qualité essentielle : d'abord tournée vers l'art de vivre (Yamas, Niyamas), elle se développe dans l'observation du corps (Asanas, Pranayama, Pratyahara) pour se parfaire en s'absorbant finalement exclusivement dans la contemplation de l'esprit (Dharana, Dhyana, Samadhi, étapes souvent regroupées sous l'appellation de Raja Yoga).

Il faut souligner, que la carte n'est pas le paysage. Que ces techniques ne sont que des exercices, que des formes. Qu'elles ne sont pas la connaissance même, mais indiquent simplement la voie du travail personnel. "La pratique ne peut se faire qu'au fond de votre cœur". Il y a là une difficulté majeure, tant il est vrai que la plupart de ces notions correspondent à des états de conscience qui nous sont encore inconnus et qu'elles restent abstraites tant qu'elles ne sont qu'intellectuelles. Pourtant, pour qui affermit sa motivation, développe son ardeur spirituelle, elles éveillent une voix intérieure qui en fait pressentir la vérité.

Il est important aussi de se rendre compte de la vastitude de ce cheminement; comme il est bon de se rappeler qu'il était proposé à l'époque à quelques êtres d'exception qui, lorsqu'ils l'entreprenaient, étaient prêts à renoncer joyeusement au monde, à se mettre aux pieds de leur guru (celui qui disperse les ténèbres) pour étancher leur soif de connaissance et d'absolu.

Les temps ont changé. Le yoga est maintenant proposé à tout un chacun. Et bien heureusement, car il est un bienfait pour l'humanité. Qui plus est, le plus souvent, ceux qui le présentent ne sont pas des maîtres, mais des professeurs qui n'en ont qu'une connaissance, sincère, espérons-le, mais partielle. Enfin, les pratiquants n'ont que très exceptionnellement cette motivation radicale des premiers temps. Mais qu'ils se mettent en chemin pour toutes sortes de raisons moins glorieuses certes, mais parfaitement valables (mal de vivre, insomnie, nervosité, maladie, remise en forme, remise en question, etc.), le "miracle du yoga" persiste, en ce sens qu'une démarche bien conduite épure et transforme naturellement ces motivations terre à terre des débuts en une quête toujours plus enthousiaste de la vérité.

De plus, semble-t-il, l'époque, l'ère du Verseau, est propice à cette recherche d'authenticité. L'être aborde, qu'il le veuille ou non, une période de transformation transcendante.

Et le Yoga aussi.

Né en Inde, il n'en est pas moins porteur de vérités universelles. En Occident, il serait bon qu'il se dépouille des aspects culturels liés aux traditions orientales pour se mouler à notre culture et à l'époque, en englobant ce qu'elles ont à lui apporter. Répondant ainsi à la prophétie qui dit "Quand le cheval (le train) et l'oiseau (l'avion) de fer apparaîtront sur la terre, Orient et Occident s'épouseront"

Qu'il intègre nos formes, sans trahir l'esprit.

La vérité demeure, sa forme change. De tous temps, "le sage sait qu'il n'y a qu'un seul Dieu, mais il lui donne plusieurs noms"

Patanjali

Vedanta

ego




Dix mouvements pour s'entraîner à être présent



Initialement conçu pour s’étirer et faire des pauses entre de longues périodes de méditation assise, les 10 mouvements de la Pleine Consciente de Thich Nhat Hanh sont devenus si populaires qu'ils sont maintenant une partie intégrante de ses retraites. Sur la base de mouvements de yoga et de tai-chi, ces exercices, simples et efficaces, réduisent le stress mental, physique et émotionnel.
Ces dix mouvements sont conçus pour être facilement accessibles et peuvent être effectuées par des personnes de tous les âges et tous les types de corps, qu'ils soient familiers avec les pratiques ou non. Ils peuvent se faire avant ou après la méditation assise, à la maison, au travail, ou à tout moment lorsqu’on a besoin de se rafraîchir l'esprit et le corps.
Chaque mouvement peut être répété 3 fois de suite. Il est bon de pratiquer ces mouvements quotidiennement et de préférence avant le repas, idéalement le matin au lever suivi d’un temps de méditation assise.
Chaque mouvement se déroule en 3 périodes : inspiration, rétention, expiration.
Sur l’inspiration, tout le corps est tendu pour dynamiser les muscles et les tendons, tonifier les organes et vitaliser tout l’être; la rétention d’air (retenir sa respiration) se fait au bout de l’inspiration et ne dure que quelques secondes, au cours desquelles le corps prolonge le mouvement de tension par un étirement de tous ses membres ; à l’expiration, tout le corps se détend à l’extérieur comme à l’intérieur.

1er mouvement :   

Départ, en position debout, les pieds sont légèrement écartés (écart égal à la largeur du bassin ou à la largeur des épaules), le corps est souple, les genoux légèrement fléchis, les bras le long du corps. Ceci est la position dite «d’enracinement». Je fais trois respirations conscientes. A la respiration suivante, en inspirant, je lève doucement les bras. Je me laisse guider par mon inspire (position maximale : les bras sont à l’horizontal, les mains dans le prolongement de mes bras. J’expire lentement et j’abaisse mes bras. Autre possibilité si je me sens stressé(e) : à l’expir, j’expulse avec force l’air qui est dans mes poumons et je relâche mes bras d’un mouvement « sec ».

2ème mouvement :

Je reste dans la même position. J’inspire de la même manière mais il va arriver un moment où je suis au bout de mon inpir…je force mon inspir et je monte mes bras à la verticale, m’étirant comme si je voulais toucher le ciel avec mes doigts. Je  prends conscience de mon corps dans cette posture, de tous les muscles que je sollicite. J’expire tout doucement et je ramène mes bras à la position de départ. Si je me sens stressé(e)…idem.

3ème mouvement :

Position corporelle identique. Je vais ouvrir ma cage thoracique. Pour cela je peux visualiser mon thorax comme une fenêtre que je vais ouvrir sur la campagne pour faire entrer de l’air frais dans mes poumons. Je pose mes mains sur mes épaules. J’inspire et j’ouvre mes bras les amenant à la position horizontale, mes mains sont dans le prolongement de mes bras, paumes tournées vers le ciel. J’expire doucement et je ramène mes mains sur mes épaules.

4ème mouvement :
Dans la même position, je vais décrire avec mes bras 2 cercles qui vont embrasser tout le cosmos. J’inspire en amenant mes bras au dessus de ma tête, j’expire je ramène mes bras latéralement (1er cercle). Mes mains se rejoignent et je recommence mais en envoyant mes mains à l’arrière quand j’inspire (sens inverse, 2°cercle). Mes bras sont au-dessus de ma tête, j’expire, je ramène mes bras par-devant moi.
5ème mouvement :

J’installe un écart plus large entre mes pieds ; mes mains sont posées sur mes hanches. Je me penche en avant faisant un angle de 90°. Je vais décrire un cercle avec ma tête et mon torse en partant de la gauche, mobilisant mes articulations du cou, du bassin, des genoux (=genoux fléchis), des chevilles. Le corps est comme un compas : la partie inférieure est enracinée dans la terre, se tenant bien stable sur ses deux pieds ; la partie supérieure est au contraire souple, et la tête représente l’autre moitié du compas, à savoir le crayon qui va dessiner le cercle. Ou encore, le corps est telle une fleur de lotus ; les racines dans la boue, la fleur dessine un mouvement circulaire comme une danse autour du soleil. Le poids de mon corps est sur ma jambe gauche : à l’inspire, j’envoie mon bassin en arrière, je décris un premier demi-cercle, le poids de mon corps est sur ma jambe droite, j’expire en envoyant mon bassin en avant, je me retrouve sur la jambe gauche.  Pour la deuxième partie du mouvement, je vais partir en sens inverse : j’inspire bassin en avant, je suis sur ma jambe droite, j’expire bassin en arrière. Je me retrouve au point de départ ; le poids de mon corps sur la jambe gauche.

6 ème mouvement :

Jambes écartées : J’inspire, je monte les bras à la verticale, m’étirant tout du long. J’expire en me penchant en avant, j’enroule ma colonne vertébrale, vertèbre après vertèbre. Je ne fais pas de violence à mon corps. J’essaie de descendre le plus bas possible. Je respecte mon corps en allant jusque là où je peux aller : peut-être poser mes mains à plat sur le sol. Je remonte tout doucement, je reste tendre avec mon corps.

7 ème mouvement :
Talons joints, les pieds sont en forme de « V ». Je pose mes mains sur mes hanches. J’inspire, je monte sur la pointe de mes orteils. J’expire lentement, je plie les genoux, mon dos reste droit, je suis toujours sur la pointe des pieds, et je descends le plus bas possible tout en restant souriant(e).

8 ème mouvement :

Le poids de mon corps repose sur ma jambe gauche, mes mains sont sur mes hanches. Je recherche l’équilibre dans cette position : mon orteil droit me sert uniquement à maintenir cet équilibre. Quand je me sens stable, j’inspire en soulevant le genou droit, pointe du pied vers le sol. Ma jambe droite forme un angle droit avec mon genou, j’expire, je tends la jambe devant moi, pointe du pied tendue vers le sol.  J’inspire, je ramène ma jambe à angle droit, j’expire, je repose le pied au sol. Je déplace le poids de mon corps sur ma jambe droite, j’installe l’équilibre et je pratique de la même manière avec ma jambe gauche.

9 ème mouvement :

Mouvement identique au précédent quant au postural. Je vais décrire un cercle avec ma jambe droite (travail sur l’articulation de la hanche). J’inspire, je fais un demi-cercle, j’expire je termine le cercle ; ma jambe est à l’arrière. J’inspire en repartant de l’arrière, ma jambe est sur le côté droit, j’expire, je ramène ma jambe par-devant moi, je la pose et je déplace le poids de mon corps sur ma jambe droite pour pouvoir pratiquer avec ma jambe gauche. Le buste tâche de rester droit sans se laisser trop embarquer par le mouvement.

10 ème mouvement :

L’écart avec mes pieds est plus important. Un pied est mis perpendiculairement à l’autre. Ce mouvement va solliciter mon articulation de la hanche, les adducteurs, le genou, les chevilles, mais aussi mon bras (celui correspondant au pied qui est mis à la perpendiculaire). Je me tourne donc sur le côté. En inspirant, je vais lever mon bras pour envoyer toute l’énergie de ma respiration dans l’infinité du cosmos (main ouverte tendue) tandis que je plie le genou ; à l’expir, je ramène toute l’énergie du cosmos que je diffuse dans mon corps pendant que je me redresse. Je répète 3 fois le mouvement sur la même jambe. Puis, je change de pied, de bras, et je pratique de la même façon, le même nombre de fois.

 
Je reviens à la position d’ « enracinement » du départ. J’apprécie mon corps en étant à son écoute. Je pratique la respiration consciente. Pour finir, je m’incline en signe de remerciement.

Sources : Ici et là

Vidéo amusante: ici

 

 

La pratique personnelle



Ne pas oublier que traditionnellement (pendant des siècles), la pratique du yoga  était une pratique personnelle et non collective. L’élève apprenait dans un premier temps avec un maître et ensuite s’éloignait dans sa «caverne» pour plonger dans son expérience. 
Ce n’est pas que les cours collectifs ne soient pas nécessaires mais plutôt qu’une pratique personnelle est indispensable pour véritablement avancer sur le chemin du Yoga et goûter aux précieux moments de paix intérieure.

La liberté c'est de voir ses conditionnements





Eric Baret : Le corps et la pensée sont complètement conditionnés. La seule liberté, c'est de voir ces conditionnements! 

Extrait du livre épuisé de Colette Chabot « A moitié Sage », édition Quebecor 1997 et qui avait pour base des interviews de la télévision communautaire de Montréal)

Depuis plus de 25 ans, Éric Baret s’est donné à la découverte de la tradition non duelle telle qu’elle est exprimée par le shivaïsme tantrique du Cachemire. Il partage ses recherches avec des amis dans des réunions qui se tiennent en Europe, aux États-Unis et au Canada. Ayant connu, alors qu’il était très jeune, l’enseignement de Jean Klein, sa formulation en est fortement imprégnée. Il est interviewé à la télévision par des pédagogues et des psychologues du mouvement transpersonnel.
Pourquoi avoir travaillé pendant longtemps à une approche corporelle, alors que tous les maîtres des grandes traditions n’ont cessé de nous répéter que l’on n’était pas le corps et que l’on n’était pas la pensée?
Avant de dire ce que l’on n’est pas, il faut d’abord connaître. Dire: « Je ne suis pas le corps », c’est un concept. Dire: « Je ne suis pas le mental », c’est un concept. Donc, avant de savoir ce que l’on est ou ce que l’on n’est pas, il faut étudier, investiguer ce qu’on appelle le corps, le mental.
Qu’est-ce que l’approche traditionnelle du Cachemire?
C’est uniquement de constater très clairement ce que sont la machine corporelle et la machine mentale.
Vous avez dit, dans un entretien: « Tant que l’on est satisfait par la vie phénoménale, aucun questionnement ne se fait ». Est-ce à dire qu’il faut avoir des problèmes pour entrer dans une approche corporelle comme celle que vous enseignez?
Non! il est possible de naître avec un questionnement qui s’impose très tôt. Sans avoir connu d’échec, on s’interroge sur ce qui est au-delà des phénomènes. D’autres semblent naître sans cette quête. Ce sont davantage les différentes situations d’échec ou de réussite, ou ce qui est vécu comme tel, qui vont amener l’interrogation. On peut très bien avoir une femme et des enfants merveilleux, être en bonne santé, réussir professionnellement et porter en soi une question très profonde.
En psychologie transpersonnelle, on parle de « crises d’émergence spirituelle ». Parlez-nous de ces crises.
Je pense qu’il n’y a qu’une crise: quand vous vous rendez compte que tout ce que vous faites, que tout ce que vous pensez vient de votre mémoire, que tout ce que vous rencontrez, c’est le passé et que vous ne pouvez pas avoir la moindre idée créatrice. Vous avez alors le pressentiment profond que ce que vous cherchez n’est pas dans la situation, n’est pas dans la perception. Vous constatez que vous pouvez uniquement aller devant. Tout ce que vous pensez, c’est devant vous, et pourtant, vous vous rendez compte que vous pouvez uniquement projeter le connu, la mémoire. Le neuf, la liberté ne peuvent être dans la projection. La crise émerge de l’évidence que vous ne pouvez penser que le vieux, alors que c’est le neuf que vous cherchez. Vous vous rendez compte que toute votre vie, que toutes vos actions sont faites constamment pour trouver ce neuf, pour trouver le non-désir et vous ne pouvez que répéter les schèmes qui reproduisent les erreurs passées. Votre questionnement ne peut plus être devant. La pensée n’a pas les éléments pour arriver à la non-pensée. Lorsque l’on rencontre ce moment dans la vie, c’est vraiment une crise, un choc. Vous savez très bien où vous ne voulez pas aller. Vous ne savez pas où vous voulez aller, mais vous voyez très bien où ne se trouve pas ce que vous cherchez. C’est un choc très profond. Les jeunes aussi éprouvent cela. À l’âge de quatorze ou quinze ans, on se rend compte qu’on ne veut pas être comme son père ou sa mère, qu’on ne veut pas mener une vie bourgeoise. On s’aperçoit que la société est factice. À cet âge, on sait très bien ce que l’on ne veut pas, mais on n’a pas le pressentiment de ce que l’on veut. Ce sont vraiment des crises très profondes.
Je suis fasciné par le fait que c’est l’inconditionné, le non-dit qui est l’essentiel. Cependant, on ne peut circonscrire l’inconditionné, l’indéfini par le défini. Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez?

Il n’y a pas d’obstacles. Il n’y a que des aides. Tout ce que l’on rencontre, ce que vous appelez « le conditionné », est une expression de l’inconditionné. On dit au Cachemire: « Le monde, c’est la fleur; la conscience, c’est le bourgeon ». Le monde est une expression de la conscience. Le conditionné porte en lui-même la marque de l’inconditionné. S’ils sont abordés avec liberté, le corps connaît la santé, et le mental connaît la direction. Il faut découvrir en nous cette attitude d’avoir les mains vides. Ainsi, on ne projette plus le connu, le passé et on est ouvert à l’inconnu. À ce moment-là, le conditionné, ce que l’on appelle « l’objet » dans la tradition du Cachemire, peut complétement s’articuler. Le conditionné, par nature, provient de l’inconditionné et, par nature, s’y résorbe. Donc, quand on laisse une situation complètement libre, quand l’inconditionné est pressenti dans le conditionné, il se réintègre sciemment. Il y a résorption. C’est pour cela qu’il n’y a pas d’obstacle. Tout ce qui se présente dans la vie, c’est une occasion pour pressentir le créateur. Il n’y a pas de hasard dans la vie.
Les chances, les réussites, les échecs, la paix, la guerre, tous ces éléments, s’ils sont regardés de manière complètement libre, révèlent profondément la conscience. Pour reprendre vos termes, c’est l’art de laisser se révéler l’inconditionné, dans le conditionnement. Il n’y a pas de séparation.
Le travail corporel, c’est la disponibilité, mais ce n’est pas la compréhension. Est-ce que vous pouvez expliquer davantage?
Le travail corporel, quelle horrible expression! C’est abominable! Il est difficile de trouver une juste formulation. On pourrait peut-être dire « écouter le corps », « accueillir le corps », « accueillir la sensation ». Le fait que vous n’êtes pas un chameau ou un crocodile, ce n’est pas un hasard. Vous êtes né, on vous a donné un corps. Vous vous exprimez avec une certaine structure, il faut l’écouter. C’est le sens civique de la vie. Il faut écouter les dons, ce que l’on vous a donné. C’est uniquement une écoute. Dans cette écoute, vous allez découvrir le fonctionnement de la machine. Cela, c’est la première chose. Éventuellement, cette écoute vous mettra en contact avec une tradition qui vous permettra d’actualiser certains éléments. La compréhension, c’est autre chose. La compréhension à laquelle on fait allusion est cette profonde prise de conscience de ne pas être un objet. C’est une conviction intime qui ne peut pas se trouver dans une perception. Ce n’est pas lié à l’approche corporelle. Quand un corps a été approché avec amour, quand le psychisme a été approché avec amour, sans vouloir toucher, uniquement dans un regard, leur expression s’épanouit.
Cet épanouissement est le terrain sur lequel cette compréhension, ce pressentiment de l’autonomie, de la liberté peuvent se concrétiser. L’approche corporelle séparée d’une tradition, quand elle vise uniquement l’expression d’un corps plus compétitif, d’un mental plus ceci ou plus cela, est une forme de sacrilège. L’approche corporelle ou le travail psychologique ont uniquement une valeur pour mettre la structure en état d’accueillir le pressentiment de ce qui est au-delà du corps, au-delà du mental. Sinon, c’est une réduction.
Le corps, dans notre civilisation, a été très valorisé et très dévalorisé. La façon dont vous en parlez est une invitation à une autre écoute du corps. C’est comme si vous disiez: « Écoute ton être ». Est-ce que je me trompe dans cette interprétation?
Le corps n’est pas à l’extérieur. Il est conscience. Il s’agit de ne pas se limiter au corps. La corporalité est l’expression de l’arrière-plan. Donc, écouter la sensorialité est la première chose. Vous ne pouvez pas connaître votre environnement sans cela. Tout ce que vous connaissez du monde n’est que perception. Votre corps a vu, entendu, senti, goûté ou touché. De ces cinq sens naît un concept qui vous fait dire: « C’est un arbre ». Cet arbre, si vous ne le voyez pas, si vous ne pouvez pas le toucher, le sentir, si vous ne pouvez le goûter, il n’existe pas. Dans le monde, c’est uniquement les cinq sens qui nous informent. Avant de savoir ce qui convient politiquement à un pays, avant d’avoir des idées soi-disant abstraites, il faut d’abord connaître celui qui perçoit la société. C’est la sensorialité. Quand vous recevez un mot de votre amoureux qui vous dit que vous êtes la plus belle des femmes, dans votre détente si vous sortez dans la rue, vous trouvez la société harmonieuse. Si vous recevez une lettre de quelqu’un qui vous dit que vous êtes épouvantable, ou vous informe que quelqu’un que vous aimez a quitté ce monde, vous êtes triste. Vous sortez dans la rue, et le monde est triste.
Ce que l’on connaît, on le connaît uniquement à travers notre système psycho-physiologique. Avant d’avoir une opinion sur le monde, sur les choses, il faut d’abord que ce système soit en état de réceptivité. Ainsi, nous cesserons de surimposer continuellement nos propres désirs, nos propres peurs sur le monde, sur la société. Si l’on n’est pas en paix avec soi-même, on ne peut pas faire la paix. Vouloir pacifier le monde alors que l’on est violent intérieurement, c’est un manque de vision. La paix n’est pas le résultat de la violence, mais celui de la paix. Il faut commencer par être en paix avec sa structure. Il faut aimer sa structure. Cela, c’est la première des choses, et c’est peut-être la dernière.
Il ne faut pas se méfier de sa structure, de son corps, de son mental?
Vous êtes complètement neutre. Ce n’est pas votre corps, c’est un corps. Si c’est votre corps, vous ne pouvez pas l’écouter; parce que vous préférez qu’il soit comme ceci ou comme cela. Donc, vous faites face à ce corps. Un peu comme si vous arriviez dans un pays étranger. Quand vous sortez de l’avion, vous n’avez pas de référence. Vous ne pouvez que regarder. C’est tellement différent. Vous ne pouvez pas comparer à ce que vous connaissez. Quand vous écoutez de la musique tibétaine ou de la musique du Sud de l’Inde pour la première fois, vous n’avez pas de référence. Donc, vous êtes obligé d’écouter. Vous ne dites pas: « C’est mélodieux ou ce n’est pas harmonique ». Le mot ne se présente pas. Vous êtes uniquement obligé d’être complètement à l’écoute, sans référence. À ce moment-là, la qualité intrinsèque de la musique peut vivre en vous. Avec le corps, c’est la même chose. Il faut apprendre à écouter le corps sans rien savoir. Être complètement comme un enfant qui vient de naître. Vous écoutez l’instant. Il n’y a rien à changer. On voit seulement ce qui se passe.
Vous dites que les tensions ne sont que des pensées, que c’est la pensée (lui crée la densité ou la lourdeur ou encore l’étroitesse que l’on sent dans les épaules, dans le dos ou la nuque…
Oui, absolument. Et c’est la pensée qui peut également l’éliminer:
La pensée peut éliminer les tensions?
Bien sûr. Dans un moment de très grand bonheur; vous ne vous referez plus à vous-même. La structure corporelle se trouve ouverte. Dans un moment de tristesse, elle n’est que défense.
Pour vous, toute l’approche corporelle, les poses ne sont qu’un prétexte, finalement. C’est décoratif?
Il faut bien faire quelque chose. C’est complètement gratuit! Si vous allez au Japon, vous pratiquerez le tir à l’arc ou encore vous vous exercerez à l’art floral. Quand vous faites un bouquet de fleurs, ce n’est pas pour le bouquet lui-même. Vous pressentez votre silence intérieur et, jusqu’à un certain point, vous l’actualisez dans le bouquet. Si vous connaissez l’art, celui qui regardera votre Å“uvre sera mis en contact avec son propre silence. L’écoute corporelle est un art parmi d’autres, très pédagogique, dans le sens où le corps est le premier objet. On peut se trouver sans fleur et sans arc, on ne peut pas se trouver sans corps. L’objet corps me semble éminemment approprié pour pressentir le silence car, de par sa nature même, il est nourri de conscience. Mais il y a d’autres approches tout aussi respectables.
Vous dites à un moment donné que le hara est une localisation, que c’est une forme de tension. Si on saisit bien l’approche cachemirienne, on ne sent plus son corps. Il y a détachement. Ou est-ce le contraire?
Ce n’est pas que l’on ne sent plus le corps. On ne sent plus son corps comme masse de réactions, de pesanteur ou de défenses. On ne le ressent plus comme antagoniste. Vous appréhendez un autre corps. Pour ce qui est du détachement, il importe de saisir qu’il n’y a rien de ce à quoi l’on doive se détacher. Vous accueillez ce qui se présente à vous. Il n’y a rien à exclure. Vouloir exclure les choses, c’est de la violence. On ne se concentre pas, on est ouvert. Les situations pointent vers vous. Ce n’est pas vous qui allez vers les situations. Vous n’avez dans les mains aucune prétention d’autonomie. Dans le monde phénoménal, tout est lié. Le corps et la pensée sont complètement conditionnés. La seule liberté, c’est de voir ces conditionnements. Vous pouvez être libre du conditionnement. Mais le corps et la pensée seront toujours conditionnés. On peut être lié à eux ou se sentir libre d’eux! C’est vers cela que pointe finalement une démarche traditionnelle. Pour laisser le conditionnement devenir très clair, il faut investiguer le corps et le psychisme, voir comment cela fonctionne, non pas pour les déconditionner; mais pour éclairer les conditionnements. Quand votre corps est apaisé, vous êtes plus libre du corps que lorsqu’il est en crise. Lorsque votre mental est tranquille, vous êtes plus ouvert au pressentiment du silence que quand vous êtes en dépression. Donc, on peut justifier sur un plan relatif une certaine induction au silence corporel et mental. A un moment donné, il faut laisser la sensibilité corporelle complètement se résorber dans l’arrière-plan, dans le silence. Et cela ne dépend pas de votre état corporel.
Si je comprends bien, dans votre approche, toutes les techniques sont permises. Il s’agit de les utiliser comme prise de conscience de la limite. Finalement, prendre conscience des limites, c’est déjà les transcender.

Complètement!
On utilise le conditionné comme méthode pédagogique pour arriver à le transcender, pour aller au-delà, pour laisser vivre l’inconditionné. Est-ce à dire que la nature humaine, telle qu’elle est, ne peut entrer en contact direct avec l’inconditionné?

Il n’y a pas de séparation. La nature humaine ou le conditionné, c’est l’inconditionné. C’est uniquement notre regard qui nous le fait voir comme conditionné. Quand vous regardez, quand vous laissez complètement libre une perception, elle vous ramène à l’origine de toute perception, au silence. Le corps, le psychisme sont l’expression de l’inconditionné. Ce qui sort de l’inconditionné et s’y dissout ne peut être autre chose que l’inconditionné. C’est uniquement notre manière de voir qui nous fait séparer les choses, qui nous fait parler d’un inconditionné et ensuite d’un conditionné. C’est une manière de voir qui a sans doute sa valeur pédagogique, mais le corps et le psychisme sont l’expression directe de l’inconditionné. La note, le son sont l’expression directe du silence. Le son n’est pas à l’extérieur du silence.
On dirait que j’ai besoin du bruit pour entendre le silence. Cela présuppose que la nature humaine est faite de telle façon aujourd’hui, qu’elle doit passer par le conditionné pour accéder à l’inconditionné. Est-ce que je comprends bien? Dans ce cas, il n’y a pas de dualité?
Vous constatez. Vous observez que votre corps et votre psychisme sont conditionnés. Il ne s’agit pas de vouloir ou de refuser qu’il y ait limitation. Il n’y a pas d’interprétation là-dedans. Se rendre compte des limites révèle le pressentiment de la liberté; sinon, vous ne pourriez pas dire: « Il y a un conditionnement ». Quand on dit: « Je suis en colère », on n’est plus en colère. Quand vous êtes totalement en colère, vous ne savez pas que vous êtes en colère. Donc, quand vous dites: « Mon corps est conditionné », cela veut dire qu’il y a en vous un parfum de l’inconditionné. Cela suffit! Vous laissez votre corps, votre psychisme s’exprimer. La nature profonde du corps, du psychisme, c’est l’inconditionné. Ce corps, ce psychisme vont tôt ou tard se résorber dans le silence. C’est une résorption non volontaire inhérente à une démarche traditionnelle. Et une démarche, personne ne la suit. C’est un parfum qui s’inscrit organiquement. Celui qui veut la suivre s’élimine dans les premiers temps. Il reste une constatation. La création porte la marque du créateur. C’est uniquement du point de vue de la création qu’il y a une création et un créateur Pour le Cachemire, l’élément conditionné ou inconditionné est vécu comme le « jeu » de Dieu qui se perd et se retrouve. C’est une manière poétique de l’exprimer. La perception pointe vers ce qu’il y a derrière la perception. Tôt ou tard, vous vous apercevez que votre vie qui semble séparée est une expression de la liberté. Il n’y a pas de différence. Vous laissez cette évidence prendre corps.
Momentanément, sur le plan pédagogique, on dira peut-être que le corps et le psychisme ne sont que conditionnements parce qu’il y a identification. Dans un deuxième temps, vous allez dire: «  je ne suis pas mon corps, je ne suis pas mon psychisme ». Mais, dans un troisième temps, le corps et le psychisme sont vraiment l’expression de ce qui les éclaire. C’est une question de pédagogie sur le moment puisque cette aperception, ce pressentiment du silence derrière la perception, c’est cela qui provient du sommeil profond. S’il n’y avait pas le silence, on ne serait pas attiré par la méditation. On ne serait pas tenté par le silence. C’est le sommeil profond qui soutient en nous cet état de silence.
En Amérique du Nord, certains séminaires proposent l’ouverture des chakras en un week-end. Est-ce que toutes ces manipulations des centres énergétiques, avec ou sans cristaux, sont dangereuses?

L’art du pranayama, l’art du souffle, est l’« art royal ». Toute la création, tout ce qui est manifesté relève de la concrétisation du souffle. Quand on pressent ce qu’est le souffle, on peut dire, jusqu’à un certain point, que la manifestation se révèle. L’art du souffle  est employé pour célébrer l’essence de la manifestation, pas pour en exploiter certaines ramifications.
Célébrer en nous la création du monde et sa résorption a sa place dans une attention libre de tout but. Le pranayama ne vise aucun résultat. C’est uniquement une célébration. Un autre terme pour le pranayama, c’est le prana-agnihotra, c’est-à-dire le sacrifice, l’offrande dans la conscience. Comme dans le sacrifice védique, on offre différents éléments au feu. Dans le yoga, on offre le souffle à la conscience. Par cet exercice, coupé de cette orientation, vous pouvez arriver éventuellement à éveiller la puissance de certains récepteurs, sans avoir la compréhension de ces niveaux. Cela peut éveiller des possibilités mais plus vous les utiliserez sans qu’elles soient éclairées par une vision directe, plus vous éprouverez des difficultés d’intégration dans la société. Cela amènera des ruptures. Tôt ou tard, les capacités disparaîtront et on retravaillera pour les recréer; il y aura constamment va-et-vient. Ces possibilités en soi sont une perte d’énergie. Il n’y a pas de jugement moral là-dedans, mais on peut dire que c’est une énergie mal canalisée. Ces récepteurs font partie de la physiologie du yoga, et quand vous êtes sensible, vous ressentez les différents niveaux qui forment la corporalité. Vous abordez ces éléments les mains libres, sans but. Il ne s’agit pas de vouloir créer cela mentalement, de s’imaginer, le matin, éveiller telle ou telle chose. Cela, c’est purement conceptuel. Vous mettez votre corps dans une totale disponibilité et vous constatez. Vous allez éprouver pressentir; ressentir, voir, goûter; sentir, selon votre capacité, telle ou telle région. La vibration du corps va devenir très substantielle. Le corps n’étant que vibration, les différentes couches sensorielles vont se présenter: Tout cela devient votre monde. Mais, encore une fois, c’est uniquement parce que vous avez les mains libres. Exploiter cela, je dirais que c’est un manque de claire vision. C’est un peu comme quelqu’un qui dirait: « je suis humble ». C’est le même niveau.
Pour vous, il semble évident que le yoga doit s’appuyer sur une tradition. Pourquoi?
Le yoga, c’est une tradition. Le yoga, indépendamment d’une tradition, cela n’existe pas. C’est une caricature. Une pose, c’est un événement extraordinaire. Il faut bien comprendre que ce n’est pas une personne qui fait du yoga. Cela ne veut rien dire. Quand le matin, dans votre chambre, vous vous livrez au pranayama, et que les poses s’expriment dans votre corps, il n’y a rien de personnel. C’est tout l’environnement qui participe à cela. Vous rejoignez les cycles de la création. Vous rejoignez la sève qui monte dans les arbres, le matin. Vous rejoignez les différentes espèces animales, végétales et ce qui est au-delà de l’humain. Vous intégrez votre rôle dans la création. C’est un événement cosmique, une pose de yoga, un pranayama. Vous ne faites pas cela parce qu’après vous vous sentirez mieux ou parce que vous allez mieux dormir; etc. Cela n’a absolument rien à voir. C’est uniquement un sacrifice. C’est une offrande. C’est gratuit.
Que veut dire, pour vous, le mot sacrifice?

C’est offrir ce que l’on n’est pas à ce que l’on est. Vous offrez votre corps, votre psychisme, votre mental à la conscience. C’est conscient. C’est une oblation. Vous offrez votre expression phénoménale. Ça, c’est le yoga. Cela n’a rien de personnel, cela n’apporte rien, surtout pas la compréhension. La compréhension est originelle. C’est parce qu’il y a compréhension qu’éventuellement, si la vie vous oriente dans cette direction, vous allez, comme on le dit vulgairement, pratiquer le yoga. Mais la pratique du yoga n’a jamais amené aucune compréhension.
Activité et pratique du yoga
ne peuvent servir de voie,
car la conscience ne nait pas de l’activité,
c’est, à l’inverse, l’activité qui en procède.
Abhinavagpta, Tantraloka
Voir comment le corps est constamment abusé, comment le psychisme est limité, résulte d’une vision claire, Nous laissons naturellement ces instruments devenir un terrain pour ce qui est au-delà du corps et du psychisme. Donc, il n’y a rien à acquérir là-dedans.
Quand on fait de la méditation sans but ni profit, le fait de faire de la méditation sans poursuivre un but, n’est-ce pas un but en soi?
Non.
Le fait de vous asseoir le matin, c’est une émotion qui vient du sommeil profond. C’est votre état de sommeil profond qui vous incline naturellement à vous asseoir en silence le matin. C’est complètement naturel. Ce n’est pas de la concentration. Il ne s’agit pas de matraquer certains objets à l’exclusion d’un seul. La méditation, c’est ce pressentiment profond de l’autonomie. Ce n’est pas une activité dans laquelle on entre pour en sortir. Le matin, sciemment, vous rendez votre corps et votre psychisme disponibles à ce pressentiment qui conservera sa saveur dans toutes les activités de la journée. Le matin est un moment favorable, très tôt, le monde profane est encore endormi. Avant que les oiseaux chantent, avant que les gens fassent des affaires, il y a une très grande joie à être conscient. Vous n’êtes pas seul. Il y a tout un monde qui est conscient à ce moment-là. Du point de vue de cette ouverture, vous vous situez consciemment dans l’écoute qui vous permet de garder l’essence pressentie dans la nuit. Vous entendez les premières voitures, les premières portes qui claquent, les oiseaux qui chantent. Lentement, le monde sort et vous conservez l’essence du non-manifesté dans toutes les manifestations du jour. Vous fermez les yeux dans la nuit, vous sentez le Soleil en vous. Quand vous ouvrez les yeux, le monde et vous, avec encore le relent de la nuit, de ce qui est uniforme, de cette unité qu’on porte en soi. C’est un moment de très grande intimité. Il ne faut pas en faire une technique. Ce n’est pas un moyen. C’est ce qu’il y a de plus gratuit.
Quand vous parlez du réveil, du matin, de ce passage, de cette conscience d’être, je ne sais pas pourquoi cela me fait penser à la mort. J’aimerais vous entendre parler de la mort.

Quelle mort ? C’est un concept, la mort. Si on veut être sérieux, on ne peut pas parler de la mort. Profondément, on porte tous en soi ce pressentiment de ne pas pouvoir mourir, sinon il n’y aurait pas d’actes héroïques.
Est-ce l’émotion qui fait bouger le soldat qui sort de la tranchée? On a parlé du psychisme, du mental, du corps. On n’a pas encore parlé des émotions. J’ai toujours pensé que l’émotion était le carburant de toute chose entreprise. J’aimerais vous entendre parler des émotions.

Dans le sens de la tradition, ce n’est pas l’émotion qui fait bouger le soldat, mais l’évidence de l’instant. Un mauvais soldat sera mû par l’émotion, oui. La haine ou la peur le fera bouger. Mais un véritable soldat, dans le sens traditionnel, c’est quelqu’un qui n’éprouve ni peur ni haine. Il accomplit ce qui doit être accompli. Il a un pressentiment indépendant de toute opinion. Les soldats de tous les camps ont un goût de ce pressentiment quand ils sont prêts à donner leur vie.  Après, malheureusement, souvent, ils pensent que leur cause est meilleure que celle de l’autre. Là, on tombe dans la dualité. Mais avant de penser que sa cause est la meilleure, quand on donne sa vie, on a un moment qui est au-delà de toute cause, qui est tout à f ait fondamental. Sinon, ii n’y aurait pas d’action héroïque.
Avant d’entrer dans le studio de télévision, vous disiez que les gens, avant de mourir, vivaient très souvent ce pressentiment d’éternité…
Si l’on n’a pas actualisé la présence fondamentale pendant la vie corporelle, le moment de la mort peut être vécu comme une opportunité. Un certain nombre de gens ont la capacité d’accepter leur mort sans émotion. S’ils ne parlent plus d’argent, de ce qu’ils vont laisser; s’ils laissent leur famille disparaître, s’ils laissent leurs rêves disparaître, s’ils laissent leur nom disparaître, cela veut dire qu’ils arrivent à l’humilité. Mais on meurt généralement comme on a vécu. Si l’on a vécu dans la peur on meurt avec la peur: Si l’on a vécu librement, on meurt librement. On ne peut pas fabriquer le moment de la mort.
N’avez-vous pas dit aussi que le moment de la mort semblait plus important que celui de la naissance?

Il n’y a pas de mort. Il n’y a pas de naissance. Ce sont des concepts. La seule véritable naissance, du point de vue traditionnel, c’est le moment où le pressentiment d’être brûle votre structure. Mais la naissance, ce qu’on appelle la naissance physique, c’est un accident. Votre mère rencontre votre père, ou l’inverse, et vous naissez. Il n’y a rien de libre là-dedans. Quand vous lisez Maître Eckhart ou Muhyi I-din Ibn Arabi, vous sentez l’autonomie. Se rendre compte de cette liberté, c’est la seule naissance. Et là, il n’y a pas de mort. Le reste, c’est du romantisme.