Affichage des articles dont le libellé est Fondements du yoga. Afficher tous les articles

Quelques livres


Voici quelques ouvrages parmi une multitude:

Les yoga Sutras de Patanjali de:
Françoise Mazet,
Bernard Bouanchaud,
Jean Bouchard d'Orval.

La Bhagavad-Gîtâ d'Aurobindo (il existe de nombreux autres commentateurs)
Les pensées revigorantes de François Garagnon (2 volumes)
De l'abandon, d'Eric Baret (son site: http://www.bhairava.ws/Baret/baret.html)







☀️ ☀️ ☀️ Salutation au soleil avec mantras









Yoga Sûtra 1-27 (Comparaisons de commentaires)


Extrait de "La science du yoga" par I.K. Taimni (1898–1978) - Écrit en 1958 (traduit de l'anglais par le Dr Paul Thorin)






Extrait de "Miroir de Soi" de Bernard Bouanchaud - 2007 (Editions Âgamât) Préface de T.K.V. Desikachar


 Extrait de "Petites lumières sur le Yoga Sutra" d'Agnès Bulté - 2017 - Préface de François Roux et Pandit Lav Kumar Sharva.



Commentaire de Jean Bouchart D'Orval  "Les Yogas Sûtras de Patanjali, La maturité de la joie" - Éditions du Relié 2012- (1ère édition en 1992 aux Éditions Libre Expression).

Tasya vacakah pranavah (तस्य वाचकः प्रणव)
On l'évoque par le son sacré AUM
Tasya: Lui  Vacakah: dire, désigner, nommer.  Pranavah: le son sacré AUM
Dans toutes les traditions spirituelles, le nom du Divin revêt une grande importance. Le nom du Divin est le Divin; quand on peut comprendre cela, c'est que l'on a compris beaucoup de choses. "Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu". Le peuple choisi est le peuple du nom (schem), celui qui a la connaissance du Nom. Ce peuple choisi, c'est l'humanité en mouvement vers sa source. L'homme est l'animal qui nomme, celui qui désigne; c'est la mission qu'il a reçue. Nommer veut dire nommer et manifester; l'homme est l'incarnation de ce mouvement, de cette actualisation du Divin. 
Le son sacré AUM représente cette montée de la puissance divine. Le A résonne au plus profond du cœur alors que U (que l'on prononce "ou") vibre au niveau de la gorge et que M résonne sur le bout des lèvres et à l'intérieur de la tête. Les trois phonèmes reflètent le Divin lui-même, qui ne peut être séparé en parties et en qui pourtant surgit un mouvement, une montée. La plupart des mantras comportent une forme de la vibration AUM. Le nom du Divin prend toute sa puissance quand nous portons attention au silence qui le suit et qui est encore Lui. 

 -------------------------

Par Françoise Mazet - Éditions Albin Michel - 1991
  
"On le désigne par le Om"
Tasya: de celui-ci
Vachaka: désignation
Pravana: racine nav-: chanter les louanges;

Le Om que l'on chante en Inde avant toute récitation de texte sacré.

-------------------------


http://www.economie-spiritualite-yoga.com/article/yoga-sutras-de-patanjali

Conférence Isabelle Morin-Larbey - Lille: «Le Yoga dans le cadre d'une société en mutation»

Résultat de recherche d'images pour "yoga conférence"


Vendredi 23 novembre 2018 - 19h
Salle Miro-Dali Centre Culturel de la Madeleine
35 Rue Saint-Joseph, 59110 La Madeleine
5 euros 

Dans une société de plus en plus en manque de repères, anxiogène, malmenée par le diktat du « tout tout de suite», le culte de l’individualité , de l’image et de l’excellence à tout crins , source de tant d’angoisse et de frustration, il est évident que le Yoga , philosophie millénaire prônant la patience, le discernement et la rigueur puisse interroger en prenant le contre pied de ce qui précède. Comment s’extraire d’un «moule» , d’un formatage qui, pour beaucoup, est synonyme de souffrance? Interroger et intéresser de plus en plus de personnes qui souhaitent trouver des points d’appui, des socles sur lesquels se tenir debout, tant physiquement que psychologiquement. Plus clairement, comment restaurer la confiance, -sœur cadette de la foi dirait Charles Peguy- pour avancer et conserver un désir de Vie.

Le Yoga, un des six grands systèmes philosophiques de l’Inde, qui signifie unir, joindre, mettre ensemble , comprend dans sa profonde intelligence l’importance du corps et du Souffle. Respectueux de la singularité de chacun, il s’adapte à la personne et non l’inverse. C’est effectivement par le biais du corps que nous sommes à même de découvrir le Monde qui nous entoure. Et le Souffle est le cadeau inestimable , prêté pour un temps, qui nous anime.En travaillant avec régularité, ardeur, sans aucun esprit de compétition, -le tapis apprenant la modestie et l’humilité- dans une ambiance intérieure faite d’aisance et fermeté, les retrouvailles avec soi-même deviennent possibles. Parce que l’on ne peut pas tricher, se mentir en pratiquant. Si l’on force dans une posture, la blessure nous guette, et à l’inverse, si nous «paressons», rien ne se fera. La pierre angulaire est la juste mesure, aller vers ses limites sans esprit de compétition, mais aller y voir, se tenir sur la frontière avec discernement.
Voilà pourquoi, en ces temps bousculés, le Yoga peut être un axe, une colonne vertébrale qui permet de tenir fermement le cap.


*** Après une maîtrise d’espagnol (Sorbonne) et des études de droit (faculté d’Assas),Isabelle Morin-Larbey découvre le Yoga en 1978 qu’elle enseigne depuis maintenant près de 40 ans dans la lignée de Krishnamacharya. Formatrice d’enseignants notamment à l’École Française de Yoga de Paris, elle transmet l'enseignement d’Yvonne Millerand. Élue présidente de la Fédération Nationale des Enseignants de Yoga en 2009, elle est passionnée par les voyages et l’Inde où elle a séjourné à de multiples reprises. Très intéressée par les confluences entre monde occidental et oriental, la tradition et la modernité, elle s’attache dans sa transmission à mettre en évidence leurs passerelles tant culturelles que spirituelles.
 

Tarif public : 5 €

Voir également cet article et celui-ci

Le yoga, gymnastique ou philosophie ?


 Si le corps est bien au centre de la pratique du yoga, ce dernier est une sagesse bien plus large qu’un ensemble d’exercices corporels. Grâce à une observation fine de l’homme par l’homme et de la souffrance inhérente à sa condition, le yoga cherche à le libérer en l’aidant à retrouver une unité.
Le yoga naît dans des milieux de penseurs qui veulent comprendre pourquoi l’être humain est malheureux, instable, malade, et qui attribuent ce mal-être à une séparation avec l’essentiel, à un état de division, de dispersion.

L’existence est placée sous le signe d’une perte, d’un exil de la dimension divine, de l’harmonie cosmique, de l’empathie avec soi et les autres. Le yoga propose alors de se réunifier, de se recentrer pour retrouver de la stabilité.

Cette sagesse, cette philosophie de la médiation corporelle s’appuie sur une tradition orale puis écrite. D’abord les Upanishads, composés entre le VIIIe et le IIIe siècle avant notre ère. Puis la Bhagavad Gîta et son puissant guerrier, mi-homme mi-dieu, en prise avec le doute, la crise existentielle au milieu du champ de bataille où sa mission est de défendre son peuple. Sa rencontre avec Krishna, une des incarnations du dieu Vishnou, va le conduire vers une sagesse de l’action, le karma-yoga. Arjuna entre dans une démarche libératrice qui le réconcilie avec sa vocation et lui permet de rencontrer le divin ». Ici, « yoga » est dans le sens de discipline, d’ascèse.

Mais c'est autour de notre ère que le yoga va vraiment se structurer grâce à l'apparition d'un texte majeur, les Yoga-sûtra, de Patañjali. On sait peu de chose sur l'auteur. Mais, en 195 aphorismes, appelés sûtra, Patañjali a réuni des connaissances plus anciennes et développé un véritable enseignement pratique et philosophique. Son premier sûtra propose une définition : « Le yoga est la cessation ou la suspension des fluctuations du mental. » Puis il accompagne le lecteur dans un parcours en huit étapes, que l'on appelle les huit « membres du yoga ». Le premier se nomme yama, en sanskrit. Il propose des observances utiles à la vie en société, qui constituent les principes de l'éthique du yoga : la non-violence, dire la vérité, ne pas voler, la fidélité à un engagement et l'absence du sens de la possession, c'est-à-dire le fait de ne pas vouloir plus que ce dont nous avons besoin. Une sorte de « sobriété heureuse » chère à l'essayiste Pierre Rabhi. Le deuxième principe est niyama, la discipline personnelle : les règles à suivre comme la propreté, le contentement et la sérénité, l'ardeur dans l'engagement, la connaissance de soi et le fait de distribuer les fruits de l'action au courant de la vie, de ne pas les garder pour soi. Le troisième membre est asana, le plus connu, puisque c'est celui des postures. Le quatrième, pranayama, se concentre sur le souffle, l'apprentissage de la respiration. Les quatre étapes suivantes engagent un travail sur soi plus approfondi : pratyahara, le retrait des sens ; dharana, la concentration ; dhyana, la méditation et samâdhi, l'éveil.

Ce chemin du yoga se parcourt au contact d'une personne vivante et formée. La transmission orale d'un professeur à un élève reste irremplaçable, dans le respect de l'autonomie de l'autre, et peut s'accompagner d'une lecture personnelle des textes. Mais chacun emprunte cette route à son rythme en cherchant le yoga qui lui convient. Il n'y a pas un yoga, qui serait breveté, traditionnel, orthodoxe, mais des yogas plus physiques, des yogas plus méditatifs qui s'appuient sur la vibration sonore ou la visualisation de formes et de couleurs, des yogas dévotionnels dans lesquels on se concentre sur une divinité ; des yogas de la connaissance afin de discipliner l'ego et l'esprit.

Dénué d'esprit de compétition, le yoga ne cherche pas à réaliser une performance. Il s'inscrit donc à contre-courant des injonctions du toujours plus - plus vite, plus fort, plus jeune. En nous faisant vivre notre corps autrement et accéder parfois à une clarification du mental, il est une véritable école de l'attention au geste, au souffle et à nos perceptions sensorielles au quotidien. Ses vertus sont immenses mais il n'est pas une thérapie. Il peut avoir des effets thérapeutiques par une pratique régulière. C'est naturellement grâce à une meilleure harmonisation du corps et de l'esprit qu'il nous permet d'être en meilleure santé, de mieux gérer nos émotions, d'apprivoiser la souffrance. Il rend plus heureux, plus libre : sa finalité est plus vaste qu'un projet thérapeutique.


Article extrait du magazine "La vie"


Le yoga ne se limite pas à des postures



 Marc Beuvain

Le yoga a 4000 ans et ne se limite pas à des postures. Le yoga a été pensé pour retrouver de la force mentale, c'est à dire vivre sans être soumis ou influencé par le passé, les autres, la société,... Le yoga est fait pour révéler, libérer, ce que nous sommes vraiment et vivre selon notre vraie nature et non à travers le carcan de nos peurs limitantes. 






Le Sujet ultime : la Conscience



Rien ne peut être dit sur la conscience. Dès que nous parlons de quelque chose, ou que nous y pensons, nous créons une distance, une séparation. Or, la conscience est ce que nous sommes, notre nature véritable et la source de tout. L’esprit ne peut l’appréhender, l’expliquer, car le Sujet ultime ne peut se penser. Il est au-delà des formulations. Il est donc impossible d’y penser, de méditer dessus ou de se l’imaginer.
On ne peut qu’employer des mots évocateurs pour dire le non qualifiable : énergie, lumière, silence, vide. Nous parlerons donc d’une représentation mentale de la conscience.
Nous sommes la conscience. Parce que nous croyons que cela doit être expérimenté, nous essayons d’atteindre cette réalité. Or, la conscience ne peut être expérimentée. C’est le monde et tous ses phénomènes qui peuvent faire l’objet d’une expérience, jamais la conscience qui les contient.
Nous croyons nous connaître à travers tous ces objets de perception de la conscience que sont l’ego, la pensée, la sensation. Nous vivons en ayant toujours conscience de quelque chose. Or les objets n’ont pas de réalité sans un sujet qui les observe. Ce sujet, le Je ultime, ne peut être perçu. Nous ne pouvons jamais l’objectiver. Nous le cherchons en vain dans les pensées, les émotions, les sensations qui ne sont que ses reflets, ses expressions temporelles. La conscience ne peut être associée à rien d’apparent, elle n’est pas perceptible par les sens, ne peut être saisie par la pensée. Elle se manifeste par eux mais en reste détachée. Si nous l’oublions, elle est toujours là. Nous ne pouvons nous éloigner de nous-mêmes. Aussi, laissons-la s’abandonner à elle-même. Bien qu’elle ne puisse pas être objet de perception pour elle-même, elle sait se reconnaître…
Acceptons de ne pouvoir nous trouver dans la projection, dans la sensation corporelle, dans la compréhension ou la perception mentale. La conscience est ce que nous sommes au-delà des mouvements qui vont et viennent. C’est une attention, un accueil. A cause de l’identification au corps, le moi, qui est un objet de perception comme les autres objets, se prend pour le sujet agissant, autonome. Lorsque la réalisation soudaine met un terme à la croyance qu’il y a une individualité autonome qui cherche et agit, demeure un regard témoin, neutre, une observation. Cette réalisation que nous sommes conscience n’est pas une expérience avec quelqu’un qui la ferait. Elle survient lorsque toute expérimentation s’arrête d’elle-même, à cet instant où le sujet se reconnaît comme l’espace au sein duquel tout apparaît. La conscience est alors conscience de soi, pure, vide, et non plus conscience de quelque chose. Lorsque je fis l’expérience de la « mort », ma conscience se réalisa espace infini, conscience universelle. J’étais vivante, bien vivante. Même lorsque nous ne sommes pas conscients de quelque chose, ce que nous sommes véritablement ne cesse pas d’être. C’est parce que nous n’avons pas réalisé notre véritable nature que nous croyons mourir lorsque le corps disparaît ou que les pensées s’arrêtent. La conscience n’est pas un état. Elle est l’essence de la vie, éternelle.
C’est par la conscience que tout est perçu. Elle voit le spectacle du monde manifesté par elle-même sur un champ qui n’est autre qu’elle-même. Cela ne veut pas dire que ce spectacle soit irréel, mais il est faux de le considérer comme une réalité absolue, c'est-à-dire qui existe par elle-même. Toutes les perceptions, tous les objets ne peuvent exister sans une énergie lumière qui les éclaire : la conscience.
La totalité de la manifestation est une apparition dans la conscience. Tout ce qui est perçu, vu, apparaît en elle. Chaque pensée, chaque évènement est un mouvement dans la conscience, provoqué par elle. Tout est objet pour la conscience, le Sujet ultime non connaissable.
L’homme fait partie du manifesté au même titre que le monde. Le monde n’a pas été créé pour l’homme. Les animaux, les plantes, la terre ne sont pas différents de nous, même s’ils ne vivent pas selon le même mode. Tout participe de la même expression. La conscience est une et englobe tout. Les différences ne sont que dans le mental. Dès que la conceptualisation s’arrête, la paix est là, le silence, la perception pure, car seule affleure la conscience. Elle est pure présence. L’énergie de son jeu peut œuvrer librement dès que tout notre être exprime avec évidence cette pure présence.
La conscience est omniprésente, en chaque créature, en la nature et en la terre. Lorsque nous comprenons que tout est elle, le fardeau des questionnements et des souffrances est aussitôt abandonné. Tous les mouvements de la vie sont perçus pour ce qu’ils sont, des manifestations dans un temps et un lieu donnés. Nous voyons que tout ce qui naît et meurt est le reflet de notre nature véritable, immuable. Nous sommes tout. La question des différenciations entre bien et mal, limité et infini, servitude et libération ne se pose plus. Il devient clair que l’univers n’est qu’une seule et même substance et que nous en sommes inséparables. Lorsque nous rencontrons quelqu’un, lorsque nous voyons quelque chose, nous nous rencontrons et nous nous voyons nous-mêmes. C’est une même réalité, un même espace vide. La conscience est cet espace vide. A cause de l’existence des formes variées, l’espace intérieur parait différent. Or, lorsque la forme disparaît, l’espace intérieur devient un avec l’espace universel. Il l’a toujours été…
Dans notre dimension terrestre, nous laissons notre conscience fonctionner comme une entité conditionnée par ce qu’elle manifeste. A chaque expérience, cet espace de perception s’identifie au corps et génère le sentiment d’un moi. Inlassablement, notre mental porte des jugements sur la multitude des phénomènes qui apparaissent, neutres à leur source. Notre existence devient une suite de désirs et de peurs, un combat à mener. Or tout ce qui apparaît est la vie même, pure en son essence, qui s’offre à nous par et dans la conscience. Tout émerge de cet espace et s’y déroule. Il s’agit de comprendre que rien ne dépend d’un extérieur créé par le mental. Chaque phénomène est en nous, en tant qu’expression visible de la réalité une. La destinée, qui est un enchaînement de circonstances liées au temps, émane de cet espace vide. Ainsi chaque évènement est précieux et doit être considéré comme une bénédiction. Nous devons tout accueillir dans le silence de notre conscience atemporelle. Tout émerge de là et y retourne, dans un mouvement parfait tel qu’il est.
Notre individualité est un reflet dans l’énergie lumière. Je ne suis pas le reflet. Je suis la conscience. Ce n’est pas la conscience qui se dit sujet, car en elle il n’y a aucune séparation. Elle est tout, la substance de toutes les manifestations. Il n’y a aucune distinction fondamentale entre l’absolu et le monde manifesté. L’ultime réalité et ses objets d’expression sont un. Tout ce qui existe est la conscience, en laquelle tout surgit.
Quand toute la manifestation est perçue comme une apparition au sein de la conscience, l’esprit ne recherche plus rien à l’extérieur. A l’extérieur de quoi ? Il est englobé lui-même, ainsi que les objets qu’il poursuit. « Je » est présent en tout et tout est en Lui.
Rien n’est séparé de la conscience. Pour cette raison, nous ne pouvons l’objectiver. Tout ce qui peut être expérimenté, ou même seulement observé, n’est pas la conscience elle-même. Même lorsque le silence est perçu, ce n’est pas ce que nous sommes. C’est un reflet, une émanation. Ce que nous sommes véritablement est la perception elle-même, l’observation elle-même, dans l’absence d’observateur et d’observé.
La conscience est observation et rien ne se passe pour elle. Elle n’est jamais altérée, quoi qu’il arrive, quel que soit l’évènement que nous expérimentons ou la souffrance que nous ressentons. Nous sommes cette observation immuable et non le spectacle qui se déroule
continuellement et auquel nous nous identifions à tort. Le monde peut disparaître à l’instant. La conscience est. Elle n’est pas liée au monde, ne se soucie pas de la fin des phénomènes ou des formes de vie. Elle n’est jamais affectée par les changements, les disparitions, par tout ce qu’elle reflète. Elle conserve toujours sa nature indifférenciée, même à travers ses expressions limitées. Elle est le contenant de la totalité du manifesté ainsi que du non manifesté. Lorsqu’elle est sans objet, elle est conscience infinie, impersonnelle, sans forme, sans cause. On peut aussi l’appeler vide, plénitude, silence. C’est ce que nous sommes de toute éternité.
Nous sommes, à cet instant même, ce réceptacle sans limite, lumineux, intemporel, cette vacuité silencieuse au sein de laquelle tout se produit. Nous sommes en essence en toute chose, les uns dans les autres au sein d’une même substance cosmique. Il n’y a rien à atteindre dont nous soyons séparés.
Lorsque l’espace est désencombré de l’esprit diviseur, lorsqu’il est paisible, grand ouvert, la conscience affleure et nous fait percevoir la réalité ultime dans la multitude des phénomènes qui se manifestent. Cette part éternelle se révèle dès que tout notre être s’abandonne à ce qui lui est proposé. Elle n’est pas liée à notre personnalité, ne dépend ni de nos pensées, ni de nos actes. Elle n’est concernée ni par nos souffrances, ni par nos attentes de bonheur. Elle est le flux ininterrompu présent dans toutes les formes, ce témoin qui observe en silence tout ce qui apparaît et disparaît dans son champ. Nous n’avons rien d’autre à faire que de découvrir en nous cette source silencieuse qui rayonne aux dimensions infinies de l’univers et de nous y absorber.

« Ô toi qui cherche le chemin, reviens sur tes pas car c’est en toi que se trouve le secret. » (Ibn Arabî)

Nicole Montineri
http://conscience-espace.over-blog.com/


Le yoga, remettons les pendules à l'heure :-)



La pratique du yoga = philosophie (connaissance de soi), postures (asana), exercices de respiration (pranayama), mantras (à teneur universelle, associé à aucune religion ou secte. A écouter "Le sens profond du mantra yoga" par André Riehl
) visualisations, méditation, … n’est pas faite pour être zen mais pour être plus conscient, plus libre et découvrir qui nous sommes. 
Tout est dit dans les Yoga Sutras: http://www.economie-spiritualite-yoga.com/article/yoga-sutras-de-patanjali 

Ah bon ?

Certes à la fin d’une séance, même si ce n’est pas obligatoire, vous vous sentez détendu et en même temps redynamisé, avec un esprit plus apaisé et plus clair.

Vous vous sentez bien car vous avez fait descendre la pression qui s’est installé tout au long des jours, semaines ou voire des années. Ce qui veut dire que vous avez vécu dans la pression et qu’à travers la pratique du yoga, vous venez chercher la décompression. Même si cette soupape est un moindre mal et évitera peut-être la dépression, cette manière de fonctionner ressemble de très près au Tonneau des Danaïdes.

Alors, vous avez le choix. Soit vous continuez, soit vous passez à la vitesse supérieure 😀

Quand je dis que la séance sert çà être plus être conscient, c’est qu’elle vous permet (ça reste un moyen et non une fin) pendant 1 heure ou plus d’être à l’écoute de vous-mêmes, de repérer dans votre corps ce qui est tendu, ce que votre mental à la dérive vous raconte et ce qu’engendre vos pensées dans votre organisme comme serrements ou dilatations. Votre tapis est comme un laboratoire et votre cours collectif est juste l' expérience du moment.

Ce qui veut dire que le yoga ne s’arrête pas lorsque vous avez quitté le cours. Pour garder les bénéfices de la pratique et ne pas miser sur la seule séance de la semaine (au risque d’être déçu car un cours collectif ne répondra jamais aux attentes de chacun. ...A savoir qu'un professeur de yoga ne doit pas chercher à plaire au plus grand nombre mais être fidèle à transmettre un enseignement plusieurs fois millénaire. Certes la plupart des cours de yoga modernes sont très loin de ce que la transmission se doit d'être et c’est bien regrettable), il est important d’avoir une pratique régulière chez soi. Cette pratique personnelle est un moyen d’approfondir et d’affiner ce qui a été expérimenté en cours.

Comment peut-on être exigeant avec un enseignant de yoga alors qu’on n’a pas pris une seule fois conscience de sa respiration dans la semaine et qu'on n'a jamais ouvert un livre de yoga? Beaucoup de personnes au bout de plusieurs années de pratique sont en difficulté pour dire simplement la particularité de ce qu'est le yoga par rapport à une autre discipline. D'où le petit instant de philosophie en début de cours.

La séance de yoga est l'occasion de mettre en place des réflexes de retour réguliers vers soi. Nous sommes dans un monde qui excite perpétuellement nos sens et notre cerveau, ce qui fait que notre système nerveux sympathique est constamment sollicité et nous en devenons épuisé. (Système nerveux sympathique = accélérateur, action, vers l'extérieur. Système nerveux parasympathique = frein, relaxation, vers l'intérieur).

Le cours de yoga n'a pas pour vocation de se détendre comme un mollusque épuisé sur un rocher au soleil mais un moment opportun pour être, tout en restant détendu, plus attentif afin d’affiner ses perceptions physiques, émotionnelles et mentales. Si vous êtes suffisamment présent et détendu pendant les postures, comme il est particulièrement précisé dans le yoga du Cachemire, la relaxation finale devient inutile.

Devenir conscient n'est pas toujours confortable. Car qui dit affiner ses perceptions grâce à la pratique corporelle et son discernement grâce aux textes traditionnels, dit ne plus se raconter d'histoires sur son personnage ou sur les situations. C'est peu à peu enlever ses œillères quand à son travail, relations, alimentation, manière de se comporter en société,…

Le monde du travail et la société en général nous demande d’être productifs et consommateurs et n’a donc pas intérêt à ce que nous devenions plus conscients. D’ailleurs, l’école aujourd’hui ne demande plus de composer un poème ou une dissertation mais de produire des écrits. Plus un cerveau est jeune, plus il est malléable et plus les tâches resteront incrustées pour bien servir la machine. Et oui!

(Petit exercice : écoutez dans votre corps comment résonne ces deux mots : composer et produire)

Le yoga, dans ses diverses dimensions, opère comme un lessivage. C’est parce que vous allez être vigilants sur vos ressentis, que peu à peu, les vielles tâches incrustées, après de nombreux lavages, s’atténue ou disparaissent… pour vivre un peu plus libre.

La pratique du yoga n’est pas faite pour être zen.

La "zénitude" n'est que la conséquence de votre attention.

Les +++ :



Le yoga

Le yoga est une discipline visant à réaliser l’unification de l’être humain dans ses aspects physique, psychique et spirituel.
Il comprend des principes philosophiques, des postures (asanas), des techniques de respiration (pranayama), de relaxation et de méditation.
L’ensemble de l’enseignement ayant pour objectif d’arriver à cultiver le calme de l’esprit, pour permettre à chacun de se libérer des réflexes conduisant à réagir aux dualités de la vie.

Le terme « yoga » est communément utilisé pour désigner le hatha yoga, qui n’est en fait, qu’une branche du YOGA. Ha signifie le soleil, et Tha, la lune ; le hatha yoga est l’art d’équilibrer les fonctions opposées dans le corps.

Le travail des postures permet de découvrir le corps, le libérer des tensions et douleurs quotidiennes, et de stimuler et libérer l’énergie qu’il contient.

Les techniques respiratoires ont pour but de purifier et réguler cette énergie vitale.
Dans la tradition indienne, on dit que les asanas participent au nettoyage du « vase » corporel et le pranayama, au nettoyage des souffles ou canaux. Grâce à la pratique d’asanas et de pranayama, les organes et systèmes sont stimulés, les nerfs apaisés, les tensions relâchées. Ceci induit un état propice à la méditation, dont le but est d’arrêter le tourbillon des pensées pour atteindre la « paix intérieure ».

Ce qui distingue le yoga d’une autre discipline, c’est d’abord l’intérêt porté sur les sensations. Le travail se fait « en conscience », on prend le temps de ressentir, de connaître son corps, ses besoins, ses capacités, ses possibilités. Cette meilleure connaissance de soi amène une perception différente du monde extérieur ; on découvre que l’on est capable de mieux voir, mieux sentir le monde qui nous entoure.

Une bonne perception de son corps donne également une sensation de plénitude, de présence et de valorisation, facteur de bonne santé mentale et de joie de vivre.

Vient ensuite le rôle du souffle. La respiration est le lien entre le corps et l’esprit. En la maîtrisant, (allongement, rétentions), on agit sur le système nerveux, qui induit un état plus calme, sans stress, et un meilleur contrôle des émotions. Cette détente pendant et après l’effort apporte une meilleure irrigation et oxygénation des tissus et muscles.
Et se centrer sur les sensations du corps ou sur le souffle permet également d’éviter les pensées…et de tourner l’attention vers l’intérieur…

Cet état de calme s’infiltrera progressivement dans notre vie quotidienne. Ainsi, de nouveaux circuits nerveux apparaissent ; le cerveau se rappelle la sensation de détente et de bien-être vécu et permettra de retrouver ces sensations au quotidien, parce que le corps sait, et peut « rechercher » à nouveau ces sensations.

Par ailleurs, la pratique d’une observation neutre des pensées et sensations permet une nouvelle objectivité. On apprend à accepter ce qui est là, à regarder les choses comme elles sont, au moment présent, sans jugement ou référence à des schémas passés. La compréhension progressive de l’impermanence des choses nous aide à observer nos réactions pour sortir des cercles vicieux habituels.

La pratique du yoga mène à la maitrise du corps, de la respiration et de l’esprit, pour une harmonie de toutes les facettes de notre être. Il nous apprend à appréhender la vie avec les notions de lâcher-prise, d’acceptation et d’impermanence, pour moins de souffrances au quotidien…

Les cours, d’une durée d’1 heure 15/30, débutent par une phase de concentration sur le souffle, indispensable pour « déconnecter » et s’intérioriser. Vient ensuite la pratique des asanas, pour faciliter la libération des blocages physiques et énergétiques. Les techniques de pranayama permettent de canaliser cette énergie libérée et la séance se termine avec une relaxation guidée ou une méditation.







Le yoga et la maîtrise : de l’ardeur à la plénitude


Le yoga a la réputation d’être une pratique tranquille dont la finalité principale est la relaxation. Or cela va à l’encontre de sa nature. Le yoga est en effet une pratique qui nécessite une constance, une énergie afin de se maîtriser soi-même au travers d’un lâcher prise qui permet de vivre la profondeur de la conscience et atteindre la plénitude. Une fois que cette finalité est réalisée, alors l’effort nécessaire disparaît. 

L’effort d’une pratique constante


Le yoga est souvent présenté partiellement comme une façon de se détendre, et ainsi de relâcher les tensions corporelles et mentales. L’erreur commune consiste alors à faire du yoga un état inerte dans lequel le corps, allongé sur le tapis, se laisse aller à la passivité. Il s’agirait ainsi de faire du yoga un moyen de relaxation parmi d’autres. Cette vision est erronée. Loin, en effet, d’être une pratique mollassonne, un délassement, ou un paisible repos transitoire, le yoga est un investissement de tous les instants afin de transcender les déterminations qui nous asservissent. Il s’agit de dépasser les conditions des phénomènes qui peuvent dominer l’homme afin de vivre une expérience intérieure. Il en résulte finalement la réalisation de la liberté au sein de laquelle, libéré des troubles, libéré du volontarisme, sans besoin à présent de l’effort, l’être est dans la plénitude, dans une intime conscience de la réalité.

Le yoga est un chemin qui demande un engagement soutenu dans la mesure où il s’agit pour l’être humain de dominer ses instincts, ses pulsions, ses élans primitifs, en bref sa nature. Cette opposition n’est en rien contre-nature, mais elle tente en définitive d’aller au-delà des spontanéités de base de l’être humain, qui peuvent le soumettre, le dominer et ainsi engendrer la souffrance. Si l’homme a des énergies naturelles fondamentales, il a aussi la capacité de les maîtriser. Là aussi est sa nature.

Le yoga s’oppose alors au laisser aller, aux facilités qui séduisent, à l’absence d’efforts qui nous donne l’illusion d’être au repos. Il est une quête de la maîtrise de soi, recherche qui est fort loin de s’identifier à l’apathie. Ce contre-courant est motivé par une finalité bien spécifique : la fin de la souffrance. Le yoga vise l’éradication de la douleur physique, de la souffrance psychique ou de l’angoisse métaphysique. Or, comment un tel projet pourrait-il être réalisé dans la tiédeur d’une pratique instable et balbutiante ?

Le yoga est avant tout un refus : celui d’être soumis aux troubles psychologiques et corporels; celui d’être assujetti aux désordres du monde des hommes et du monde phénoménal dans sa généralité. On comprend aisément qu’un tel refus ne peut être une sinécure. Les hommes subissent sans cesse des maux et le yoga est un des moyens d’y échapper. Cette libération ne peut être ainsi une tranquille flânerie. L’engagement devra être à la mesure de la puissance des troubles qui ternissent l’existence humaine.

Le yoga demande un esprit alerte, vif, réceptif, motivé. Il bannit le doute incessant et l’hésitation constante qui mettent nécessairement un obstacle à la finalité. Dans toute démarche, dans toute pratique, le doute constant, qui est ici le manque d’assurance, la peur, l’incertitude, la réticence envers le bien-fondé des principes et l’efficacité de la pratique, ne fait que rendre encore plus inefficace ce qui est entrepris. Le yoga est une pratique, non une croyance. Son efficacité ne se mesure qu'à l’aune de l’expérimentation, une attention fine et subtile afin que l’expérience soit accompli avec le plus de perfection possible. Un esprit agité qui vagabonde sans cesse, qui n’est pas tout à ce qu’il fait ne peut accomplir pleinement le yoga. Ce chemin n’est pas ainsi une relaxation pépère. Le mental et le corps demeurent vigilants, impliqués, résolus.

Denis Faïck Extrait de la Revue Française de Yoga - Juillet 2006

Perspective spirituelle des postures de Yoga. Par Koos Zondervan




Koos Zondervan dans bhadrasana
L'esprit et le corps des êtres humains deviennent généralement progressivement conditionnés au cours de leur existence.
Pour l'esprit, cela signifie que nous réagissons progressivement aux événements de manière programmée.
Pour le corps, cela signifie qu'il est progressivement limité dans sa liberté de mouvement, à cause de tensions conditionnées (ce qui veut dire qu'elles sont programmées dans le cortex cérébral).
De ce fait, la souplesse graduellement diminue. Ces tensions conditionnées peuvent parfois avoir pour effet de perturber jusqu'à la position des os.
Le corps d'énergie, ou la couche prânique (prânâmâyakosha), qui parmi d'autres choses est responsable de la communication entre l'esprit et le corps physique, souffre également des conditionnements physiques. Généralement ces conditionnements physiques entraînent chez la plupart des gens au cours de leur existence un affaiblissement du corps d'énergie, qui pour ainsi dire s'atrophie. De ce fait, la conscience du corps s'amoindrit, de même que la sensibilité et la vitalité.
Jean Klein nous enseignait qu'il est possible d'inverser ce processus négatif. Par ailleurs, une telle inversion augmenterait les possibilités de notre développement spirituel au cours de cette existence. L'essence de l'approche qu'il recommande peut se caractériser par ce seul mot : “écoute”.
En ce qui concerne l'esprit, cela signifie qu'il vous faut observer votre propre fonctionnement aussi clairement que possible, comme un témoin, sans juger ni vouloir vous améliorer. Vous constatez à partir de quels motifs vous agissez, et aussi comment vous réagissez mentalement et corporellement aux gens et aux événements.
En ce qui concerne le corps, nous pouvons nous référer au texte de mon article “Principes du Yoga du Cachemire”. Ce texte recommande de pratiquer le yoga dans un esprit d'observation ouvert et accueillant, l'attention orientée vers la sensation tactile. Ainsi vous écoutez votre corps par le biais du sens tactile.



  • La première fonction des postures de yoga résulte de cette écoute attentive pendant notre pratique, afin de devenir conscient des résistances et des rigidités inscrites dans notre corps.


Bien qu'un mode de vie non naturel (par exemple une mauvaise alimentation) puisse aggraver les raideurs du corps, la cause la plus importante en sont les tensions musculaires conditionnées. Ces tensions musculaires conditionnées sont dues aux stress, efforts et réactions de notre mental, ce qui s'accompagne du raccourcissement de nos muscles.
Afin d'illustrer cette première fonction des postures de yoga, un exemple :
Je me souviens qu'au cours d'une de mes premières leçons de yoga avec Jean Klein, alors que nous étions assis au sol avec les jambes allongées, il me dit en passant près de moi : “Votre jambe droite a tendance à être trop courte”.
A ce moment-là je n'ai pas su que faire de cette information. Toutefois, lorsque quelques minutes plus tard nous étions dans la posture de bhadrâsana (aussi nommée gorakshâsana) (fig.1), j'ai remarqué une forte résistance dans la hanche droite, qui empêchait le genou droit de descendre aussi bas que le gauche. Je réalisai qu'il était possible que ce soit en lien avec la remarque que Jean Klein m'avait faite quelques minutes auparavant, au sujet de la tendance de ma jambe droite à être trop courte.


Je me suis occupé de ce problème pendant ma pratique quotidienne de yoga, tôt le matin avant le petit déjeuner. Je commençais par stimuler le corps d'énergie en pratiquant kapâlabhâti et du prânâyâma. Ensuite je pratiquais bhadrâsana en donnant toute mon attention au sens tactile, à la sensation corporelle. Afin d'être capable d'éviter de forcer le corps, je posais mes mains au sol devant moi et ensuite je commençais à me pencher en avant à partir des hanches, très lentement et soigneusement. En même temps, j'écoutais le corps, car il est essentiel de gérer le corps de façon amicale. Il n'est pas permis que ce genre de pratique devienne réellement douloureux. Il est important aussi de prendre le temps nécessaire pour procéder ainsi.
Je restais souvent dans la posture pendant 5 ou 10 minutes, tout en stimulant le corps d'énergie en ralentissant l'expir à l'aide d'ujjâyî. Pendant l'inspiration, l'évocation par la sensation tactile que l'avant du corps devenait plus spacieux a également contribué à la libération de la zone de la hanche droite, car cela a permis au tronc de descendre davantage.
Après avoir pratiqué pendant quelques semaines de cette façon, à un certain moment lors d'une séance, soudainement et avec un certain bruit le genou droit est descendu en même temps que j'expérimentais le relâchement de tensions dans les muscles près de la hanche droite. Bien que le problème fût résolu, afin de stabiliser cet acquis, j'ai continué à pratiquer ainsi pendant deux semaines. Le résultat : lorsque je pratiquais bhadrâsana, les deux genoux touchaient presque par terre et la résistance avait disparu. “La tendance de ma jambe droite à être trop courte” avait disparu également. J'eus la preuve à cette occasion-là que des tensions musculaires conditionnées pouvaient aller jusqu'à causer un dérangement dans la position des os.
Lorsque ce problème fut résolu, il s'en suivit un gain important : la capacité de mon corps à pratiquer padmâsana et siddhâsana était devenue bien meilleure qu'avant. Il m'apparut qu'il était maintenant possible de rester confortablement pendant longtemps dans ces postures. Assis dans ces postures, je réalisai alors qu'elles étaient conformes aux critères formulés par Patanjali lorsqu'il précise qu'une posture doit être stable (sthira) et agréable (sukha).
Maintenant vous pourriez penser que ceci était un succès, que les muscles autour de la hanche droite étaient désormais déconditionnés, libérés. Ce n'était pourtant que partiellement vrai. Lorsque, deux ans plus tard, pendant une séance de yoga, je restai plus longtemps que d'habitude dans une torsion assise (matsyendrâsana), mon corps se mit à réagir d'une façon qui était nouvelle pour moi. A un moment donné, mon corps se mit soudainement à se raidir puis à trembler, en même temps qu'il se couvrait de transpiration. Là-dessus, dans la région de la hanche droite, pour la seconde fois une énorme tension se relâchait. Puis tout mon corps se détendit complètement dans la posture.
Après cette séance, je réalisai que j'avais reçu la preuve par l'expérience des deux points suivants énoncés par Jean Klein :
Les conditionnements sont programmés dans le cerveau par couches (comme les pelures d'un oignon).”
Je peux constater que ceux de mes étudiants qui ont l'habitude de tenir les postures plus longtemps en bénéficient plus que les autres.”
C'est seulement parce que je suis resté dans matsyendrâsana plus longtemps que d'habitude que cette posture a pu déclencher le relâchement de tensions.



  • Comment prendre conscience de tensions musculaires conditionnées : recherchez quelles sont les postures ou exercices que vous n'aimez pas. Souvent vous n'aimez pas une certaine posture parce qu'elle révèle des problèmes corporels. Je me rappelle qu'il y a longtemps, je n'aimais pas du tout me pencher en avant dans la posture assise avec les jambes allongées en ouverture. La raison en était qu'un certain nombre de muscles étaient trop raides pour permettre un bon étirement.


Ce problème avait été résolu de la façon suivante :
Dans la posture de départ j'orientais mon attention vers le sens tactile, vers la sensation corporelle. Si vous réalisez que le cerveau humain ne peut s'intéresser qu'à un sens à la fois, il vous apparaîtra clairement que le fait de fermer les yeux facilite les choses. Je déposais les paumes de mes mains au sol devant moi. Ensuite, pendant 10 ou 20 secondes, je portais mon attention sur les points de contact de mon corps avec le sol. Puis je portais mon attention sur la sensation globale du corps, ce qui me permettait de sentir mon corps continuellement dans sa totalité. Je gardais les jambes légèrement fléchies. Je régulais mon souffle en allongeant chaque expiration à l'aide d'ujjâyî.
Ensuite de quoi je laissais lentement glisser mes mains vers l'avant jusqu'au moment où l'étirement était sur le point de devenir douloureux. Je m'arrêtais là et, tout en continuant à réguler mon souffle, je travaillais avec mon sens tactile de la façon suivante : pendant l'inspiration j'évoquais la sensation que la partie avant de mon corps ainsi que le visage s'étalaient dans l'espace, et en même temps j'évoquais la sensation que mes plantes de pieds poussaient quelque objet imaginaire vers la gauche et vers la droite. Pendant l'expiration, qui était freinée par ujjâyî, je m'accordais à l'espace devant le corps. Je continuais à pratiquer ainsi pendant à peu près une minute. Ensuite je remontais lentement avec le tronc et j'observais les changements au niveau de la sensation corporelle, jusqu'à ce que toutes les réactions se dissolvent dans la sensation globale du corps.
Je commençai à pratiquer cet exercice quotidiennement, et tout comme j'avais procédé avec le premier problème que j'ai décrit, je stimulais le corps d'énergie avec kapâlabhâti et du prânâyâma chaque matin avant le petit déjeuner. Après quelques semaines il y avait encore beaucoup de résistances dans les muscles des cuisses, mais je remarquais qu'il y en avait déjà moins.
Quelques semaines plus tard, l'état musculaire s'était clairement amélioré et l'exercice lui-même devenait moins désagréable, et à certains moments il devenait même très agréable. Alors un jour je ressentis pendant l'exercice le relâchement soudain d'une importante tension dans la région du pelvis, et au même instant, à ma grande surprise, il me devint possible “d'embrasser” le sol devant moi avec les deux bras et de déposer le tronc et le menton au sol. Je réalisai lors de cette expérience que d'importants conditionnements s'étaient dissous.



  • La seconde fonction des postures de yoga découle de la première fonction. Jean Klein décrivait cette seconde fonction de la manière suivante : “L'intention est de travailler régulièrement avec les postures jusqu'à ce que toutes les résistances et tensions présentes soient dissoutes, tout comme un pianiste joue de nombreuses fois sa partition jusqu'à maîtriser sans effort tous les passages qui au début posaient problème.”


Ceci nous ramène à nos propres désirs, car dès lors que vous devenez conscients de tensions et résistances importants dans votre corps, émerge un désir naturel de le libérer de ces problèmes. Il apparaît que la clé du succès est d'éveiller le corps d'énergie tout en travaillant les postures, ainsi que je l'ai indiqué dans l'article “Principes du yoga du Cachemire” et élaboré dans mon livre “Le yoga tantrique”. Une fois que le corps d'énergie est bien activé, il va fonctionner comme un catalyseur dans le processus de déconditionnement du corps physique.
Suite à mes premières leçons de yoga avec Jean Klein aux Pays-Bas (1975-1976), je fus tellement touché par son approche que je commençai à suivre ses séminaires dans plusieurs pays d'Europe. Sous sa guidance, le corps d'énergie fut bientôt activé au point qu'il était perçu directement et que le corps physique commençait à se libérer de lui-même de ses résistances et rigidités. Je me souviens qu'en ce temps-là, Jean Klein nous faisait pratiquer de nombreuses séries de kapâlabhâti et de prânâyâma (sans rétentions). Il nous expliquait qu'il était essentiel d'ouvrir les canaux d'énergie (nâdis) et de renforcer la circulation de l'énergie.
L'entraînement au prânâyâma de Jean Klein était caractérisé par :
  1. L'importance donnée à une assise correcte.
  2. Le fait de “filtrer” le flux de l'inspir et de l'expir en réduisant le passage de l'air dans une ou les deux narines.
  3. La pratique constante de uddiyâna bandha.
Il insistait sur la nécessité d'une maîtrise complète des muscles abdominaux afin d'être capable de pratiquer kapâlabhâti et le prânâyâma de manière correcte.
Cette maîtrise s'acquiert progressivement en s'entraînant à rétracter la paroi abdominale tandis que tous les autres muscles (visage, langue, gorge, épaules) restent complètement relaxés.
Inspiré et éveillé énergétiquement par ces séminaires, qui pour la plupart s'étendaient sur une semaine, je commençai chez moi à travailler de manière sélective sur les parties problématiques de mon corps jusqu'à ce que toutes les rigidités et résistances dont j'étais conscient se dissolvent.
Le fait de devenir conscient des rigidités et résistances du corps et par la suite leur élimination, peut être considéré comme un “travail préparatoire”.



  • La troisième et la plus importante fonction des postures peut apparaître à son plein avantage seulement lorsque ce travail préparatoire est accompli et que l'énergie de vie peut circuler de façon optimale. À ce sujet, Jean Klein disait que le but ultime du yoga qu'il enseignait était la transformation du “corps réel”. Il disait aussi que les postures avaient un effet psychologique et spirituel.

Le corps réel est constitué des couches plus profondes (koshas), qui déterminent notre constitution psychologique et spirituelle. Ce que nous nommons “l'esprit humain” est en fait le fonctionnement de ces koshas. Dépendant de notre niveau spirituel, différentes voies ou moyens (upâyas) existent pour aller plus loin. Depuis quelques dizaines d'années, d'excellents livres sur la tradition spirituelle du Cachemire ont été publiés en français, anglais et allemand. Une sélection en est donnée dans la bibliographie.
Ainsi qu'il a été mentionné dans l'article “Principes du yoga du Cachemire”, padmâsana et siddhâsana sont les postures les plus importantes. Selon Jean Klein, parmi les postures, siddhâsana est la plus transformante. Il disait aussi de siddhâsana qu'elle était la plus purifiante. Ce qui correspond à ce qu'en dit la Hatha Yoga Pradîpikâ :
De même qu'une alimentation mesurée (mitâhâra) est pour les sages la première des observances (yama), et la non violence (ahimsâ) la première des disciplines (niyama), de même les sages considèrent siddhâsana comme la principale d'entre toutes les postures (asana).” (chapitre 1, verset 38)
Parmi les 84 postures, siddhâsana devrait toujours être pratiquée, car elle purifie les 72'000 nâdi de toute impureté.” (chapitre 1, verset 39)
Comme je l'ai décrit précédemment, le fait d'activer le corps d'énergie est d'une importance vitale dans le processus d'élimination des résistances et des rigidités, à travers lequel le corps devient capable de rester dans les postures importantes de façon plus juste et plus détendue. L'effet transformant d'une posture est transmis aux couches plus profondes (koshas) par le corps d'énergie. Ceci signifie que si le corps d'énergie devient plus puissant, alors l'effet transformant des postures augmente, y compris au niveau spirituel. Le fait d'élever notre niveau spirituel peut être considéré comme un “capital spirituel”. Ce capital spirituel va automatiquement vous accompagner dans votre prochaine incarnation.

Bibliographie
En anglais
  • The book of Listening, Jean Klein, Non-Duality Press, Salisbury 2008
  • Kashmir Saivism, The Central Philosophy of Tantrism, Kamalakar Mishra, Rudra Press, Portland 1993
En français
  • Le Vijñâna Bhairava, Lilian Silburn, Édition-Diffusion de Boccard, Paris 1961 (plusieurs réimpressions)
  • Le Paramârthasâra, Lilian Silburn, Édition-Diffusion de Boccard, Paris 1957 (plusieurs réimpressions)
En allemand
  • Abhinavagupta, Wege ins Licht, Bettina Bäumer, Benziger Verlag, Zurich 1992
  • Trika: Grundthemen des Kashmirischen Sivaismus, Bettina Bäumer, Salzburger Theologische Studien 21, Tyrolia Verlag, Innsbruck-Wien 2003
October 19, 2014

traduit de l'anglais par Barbara Litzler

Source de l'article, cliquez ici

La pratique quotidienne, facile ou pas?




Quand nous nous adressons à des personnes n’ayant jamais suivi de cours de yoga, mais « qui y ont déjà pensé », nous réalisons vite que l’image mentale « je suis la personne la moins souple du cours» est plus souvent la raison qui les retienne d’y assister vraiment.

En discutant avec un yogi pratiquant, une question revient souvent : « comment faites-vous pour pratiquer tous les jours ? » Nous pensons facilement que le yogi qui s’exerce régulièrement est particulièrement fort et passionné… En fait, quand nous rencontrons des personnes qui ont entrepris quelque chose de « sain » pour eux, et qu’elles s’appliquent de manière authentique, nous avons tendance à les classer parmi les gens « sérieux ».

Il semble que nous attachions le « bien faire » à une idée d’effort et de discipline, tandis qu’il semble beaucoup plus facile de ne pas faire ce qu’il faut… De fait, et cela est vrai pour la plupart des choses, « l’idée » et « la réalisation » sont souvent deux choses bien différentes.

S’engager dans la pratique du yoga vise comme but ultime de se défaire des 5 kleshas de Patanjali (Ignorance, Egoïsme, Attachement, Dégoût et Peur de la perte) et de créer une « paix totale », état constant de l’esprit pour le pratiquant…

Il suffit pour cela de monter sur son tapis tous les jours… Facile n’est-ce pas ?

L’esprit construit une image selon laquelle cette action, celle qui consiste à s’astreindre à monter sur son tapis et à s’exercer, demande beaucoup d’efforts. Pourtant, si vous mangez de la nourriture tous les jours et dormez chaque nuit, vous pouvez également faire du yoga avec la même régularité… Poussons le raisonnement plus loin : admettons que vous ne mangiez que deux fois par semaine, et que vous ne dormiez que trois fois par semaine, quel bénéfice tireriez-vous de ces actions ?

L’esprit a une troublante facilité à nous convaincre que la difficulté associée à « bien faire » est très élevée. Les images qui nous viennent nous font envisager une déperdition de notre précieuse énergie à accomplir une noble tâche, qui peut être une bonne action, un geste de tendresse envers l’être aimé, un moment passé avec les enfants, un régime végétarien ou une pratique quotidienne du yoga.

D’un autre côté, attendre dans la queue d’un fast-food de pouvoir acheter n’importe quelle nourriture pour notre famille nous apporterait le soulagement du devoir accompli ?.. Vraiment ?

Dans les publicités et les émissions télévisées, il y a souvent cette scène dans laquelle un personnage pousse un soupir de soulagement tandis qu’il porte à ses lèvres un cocktail, à la fin d’une semaine chargée. Nous tous Pensons, Faisons et Disons des choses chaque jour qui ont un effet négatif sur nous-mêmes et sur ceux qui nous entourent, et pourtant nous y allons sans réserve…

Bien souvent, en arrivant chez vous, vous pensez « J’espère que les enfants vont me laisser tranquille, je veux juste me vautrer devant la télévision ».

Dans cette situation, votre esprit vous fait considérer vos enfants comme une source de stress, et la télévision comme une source de confort. Nous considérons le travail comme stressant, comme quelque chose qui doit être fait, que nous sommes obligés de faire (pour tous les autres), et une fois que nous sommes rentrés chez nous, nous avons besoin de nous mettre à l’écart de nos propres familles.

L’alternative laborieuse serait sans doute de jouer à quatre pattes avec les enfants, et ensuite de préparer le dîner tous ensemble, peut-être même d’envisager une bataille d’oreillers, et ensuite, au lit. Mais nos esprits sont persuasifs, nous sommes comme englués dans notre perception qu’une pratique quotidienne du yoga est trop difficile, que nos emplois, que nous avons souvent choisis, sont une source de stress, qu’être végétarien demande trop d’efforts, que toutes les bonnes choses sont simplement hors de notre portée. En fait, nous envisageons la quasi-totalité de la journée comme un facteur de stress. Je ne suis pas psychiatre, mais je ne suis pas certaine qu’il s’agisse là d’une attitude parfaitement saine.

Nous investissons tant à créer notre « cadre de vie », que l’on compose d’une famille, d’une maison, d’une éducation, d’un travail, etc. Après avoir accordé autant de temps, d’argent et d’efforts pour y parvenir, pour construire des fondations solides, nous décidons que ce sont ces mêmes choses qui nous rendent malheureux. Alors, comment faire pour changer notre manière de voir ? Comment amener nos esprits à soutenir nos propres décisions ? La manière la plus efficace de profiter de la vie est la pratique quotidienne. En tant qu’être humain vivant dans un monde moderne, nous adorons être multi-tâches, et d’ailleurs, nous sommes fiers de cette capacité à nous démultiplier. Réalisant plusieurs activités à la fois, nous voudrions trouver une « activité » qui aurait un effet domino. Nous cherchons cette chose unique qui entraînerait nos esprits à penser que nous sommes en train de « bien faire ». Une activité qui nous emmènerait sur un chemin jalonné de choix positifs, dans tout ce qu’ils touchent. Celle-ci se trouve en fait juste devant nos yeux…

J’suis allée écouter un orateur célèbre, il y a quelques années. Il expliquait que « si vous n’aimez pas ce que vous faites, soit vous changez d’activité, soit vous changez votre perception de cette activité ».

Cette phrase a résonné en moi. Elle m’a permis d’appréhender la réalité selon laquelle mon bonheur au travail, ou avec une personne, ou n’importe quoi d’autre en fait, ne dépendait pas de ce travail ou de cette personne… mais de moi-même. Ma manière de percevoir est-ce que c'est ça qui m’apporte le bonheur ou non.

Si vous y pensez, quand une personne vit une expérience de mort imminente et y survit, elle ressent généralement un sentiment renouvelé d’amour et de loyauté envers sa famille, un Amour de la vie qui n’existait pas avant cette quasi-mort. La famille, ou le travail, de cette personne n’a pourtant pas changé… mais elle, si. Une personne ayant traversé cette expérience difficile est transformée. L’expérience même a conduit à un désir de vie renouvelée, et à une nouvelle appréhension des choses.

Alors, comment faire pour changer notre manière de voir ? Comment amener nos esprits à soutenir nos propres décisions ? Nous cherchons cette chose unique qui entraînerait nos esprits à penser que nous sommes en train de « bien faire ». Une activité qui nous emmènerait sur un chemin jalonné de choix positifs, dans tout ce qu’ils touchent.

Celle-ci se trouve en fait juste devant nos yeux…

La pratique, la pratique, la pratique. Donc… pour répondre à la question première « est-il facile de bien faire ? »

C’est beaucoup plus facile en pratiquant sérieusement et quotidiennement le yoga, qui donne du temps à l’esprit et permet la clarté. La pratique quotidienne peut se constituer de 15 minutes de salutation au soleil et de méditation, ou il peut s’agir de 2 heures de séries avancées d’Ashtanga ; en fait, le niveau importe peu… Montez simplement sur votre tapis… Concentrez-vous sur la première respiration, le premier mouvement ». Fluide Fluide Fluide !

Article de  Cassandra Kish